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2000 De nouvelles conditions de production pour les vins de Bordeaux
Hinnewinkel Jean-Claude. De nouvelles conditions de production pour les vins de Bordeaux. In: Méditerranée, tome 95, 3-4-
2000. Dynamiques spatiales des cultures spéciales. pp. 91-94Le vignoble de Bordeaux est indiscutablement le prototype du vignoble dominateur, sûr de la qualité de ses produits et de la vigueur de ses traditions avec notamment son classement de 1855 qui fait toujours autorité. Pourtant son histoire récente (Roudié, 1988) ne manque pas de rappeler qu'il n'en a pas toujours été ainsi et les années 1960 et 1970 furent souvent difficiles. Comme souvent cette période de crise fut l'occasion de mutations profondes, imposant de nouvelles conditions de production provoquées en fait par l'apparition de nouvelles conditions de commercialisation.
Celles – ci ne sont pas les seuls leviers de transformation des structures de la production des vins d'appellation en Bordelais, comme dans tout vignoble d'ailleurs. Pour être complet il nous faudrait aborder notamment l'augmentation considérable des surfaces moyennes par exploitation et les nouvelles contraintes agri – environnementales. Mais la place nous manquerait pour être explicite sur tous ces aspects et nous nous limiterons donc ici aux incidences des injonctions du marché.1- De la vente en vrac à la vente en bouteilles…
A la fin des années 1960, le viticulteur bordelais est encore dans son ensemble un homme seul, qu'il soit coopérateur ou plus encore vigneron. Dans la grande majorité des cas, ce dernier livre en effet son vin en vrac à un négociant qui lui impose ses prix, en fonction d'un marché encore largement dominé par les vins de consommation courante. Les rémunérations proposées étant souvent jugées trop bas, de plus en plus de vignerons se lancèrent dans la vente directe avec mise en bouteilles à propriété. Ainsi en un quart de siècle, la commercialisation bascule de l'expédition en vrac, payée au degré par tonneau à la vente directe de bouteilles sur Internet.
La mise en bouteilles au château et la vente directe, à la suite de ce divorce entre le négoce bordelais et le monde de la production, connaît un rapide succès lié à des revenus plus rémunérateurs incorporant un travail supplémentaire mais aussi et peut être surtout parce que correspondant à une mode aujourd’hui bien installée, valorisant les produits bien identifiés, de "terroir", de "château" face aux marques du négoce. Les quelques pionniers des années 1960 qui cherchaient ainsi une solution à la mévente de leurs vins furent bien vite rejoints par la masse des vignerons sollicités par les GMS puis les négociants eux – mêmes, contraints de répondre à une demande croissante de la clientèle.Fig.1 : Part des ventes en bouteilles par groupes d'appellation
AOC
Fin années 70
Fin des années 90
Toutes AOC confondues
27%
49%
Groupe "Bordeaux"
15%
35%
Groupe "Saint – Emilion"
48%
75%
Groupe "Graves et Médoc"
56%
81%
Groupe "Côtes"
32%
56%
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