-
Mémoires des vins de Bordeaux
2024 Pierre Dubourdieu, un art viticole disparu
2022 Pierre Dubourdieu un vigneron inventif
2023 Hubert Mussotte, une vie au service des organisations professionnelles des vins de Bordeaux
2023 Michel Boyé, mémoire des vins blancs de Bordeaux
2022 Aline Lonveaud, œnologue dans un univers masculin
2020 Une histoire de l'Ecole d'œnologie bordelaise
2019 Jean-Michel Cazes (1936-...), capitaine inspiré d'industrie viticole
2018 Patrick Léon (1943-2018), un œnologue bordelais
-
Par Hinne le 9 Octobre 2024 à 17:44
Mémoire du vignoble de Bordeaux
Pierre Dubourdieu (1923 – 2021),
un art viticole disparu
Article rédigé à partir des entretiens réalisés par le Cervin (JC Hinnewinkel) avec le père de Denis Dubourdieu en 2020
CERVIN JCH : J’ai rencontré Pierre Dubourdieu quelques années après le décès en 2016 de son fils Denis, le fondateur de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin « Bordeaux-Aquitaine ».
Pendant plusieurs mois, il m’a reçu à Doisy-Daëne, autour d’un verre de Doisy, pour me conter son histoire, celle de sa famille et surtout pour afficher ses convictions. Il souhaitait que je les porte à la connaissance des amateurs de vins comme une composante de la prestigieuse appellation Sauternes. Lors de nos nombreuses rencontres, Pierre Dubourdieu m’a ainsi rapporté sa vision de son métier, de son évolution. Son récit est aussi le reflet de l’expérience d’un vigneron passionné, inventif et gestionnaire avisé. Patiemment ses souvenirs ont été consignés, relus, améliorés… Et puis le Covid est arrivé…
Pour lui comme pour moi, se retrouver devenait une prise de risques. Alors j’ai attendu la fin de l’épidémie… et un matin la nouvelle est tombée : Pierre Dubourdieu est décédé le 5 août 2021. J’ai un temps décidé de laisser dormir dans un dossier les écrits accumulés de cette histoire désormais achevée. Et puis j’ai repris mes notes, réécouté les enregistrements et, par respect pour sa mémoire, décidé de publier ses souvenirs sous formes de nouvelles sur le site du CERVIN :
Avec « Pierre Dubourdieu, «un art viticole aujourd’hui disparu», le Cervin vous livre aujourd’hui ses premières pages mémoires de ce grand « artiste vigneron ».
Au volant de sa voiture en 2020
Pierre Dubourdieu : « Je suis né en 1923. Nous étions trois enfants, l’ainé, né avant la guerre de 1914-1918, moi venu après, et entre les deux, un frère qui fut médecin. Pour mon père, Georges, il n’y avait que les études qui comptaient. Il avait bien réussi, il avait le brevet supérieur et pendant un an il avait été instituteur. Pour ma mère, qui était une personne un peu originale, la qualité de la vie importait davantage. Quand je suis parvenu à l’âge de 10 ou 12 ans, elle a donc déclaré que l’on ne devait pas m’embêter : « Il fera dans la vie ce qu’il voudra ». Mon père a été réticent mais il a cédé et à la fin de sa vie il a reconnu que je m’étais bien débrouillé ».
Georges Dubourdieu (1895-1979)
Pierre Dubourdieu (2023-2021)
J’ai commencé à travailler aux côtés de mon père Georges sur les propriétés de Doisy-Daëne à Barsac et d’Archambault à Illats en 1939, à l’âge de 16 ans. Les seuls millésimes que je n’ai pas vinifiés sont le 1944 et le 1945, suite à mon engagement en 1943.
Doisy-Daëne (Barsac) dans les années 80
Archambault (Illats) dans les années 2000
CERVIN JCH : Vous évoquez volontiers un art viticole disparu des années 1930-1940. Qu’entendez-vous par là ?
Pierre Dubourdieu : A l’époque les pratiques viticoles étaient approximativement les mêmes qu’au début du 20e siècle, lors de la reconstruction des vignobles après la grande crise phylloxérique de la fin du siècle précédent. Il s’agissait d’une viticulture très soigneuse où chaque pied de vigne, chaque branche étaient l’objet de soins particuliers. Je vais décrire la succession des travaux telle qu’on la pratiquait à l’époque.
La plantation
Tout commençait bien sûr avec la plantation. A l’époque c’était le travail le plus long et surtout le plus pénible car tous les travaux se faisaient à la main. Il fallait d’abord enlever les grosses pierres. C’est rempli de pierre à Barsac. Aujourd’hui on utilise de grosses pelles. Dans mon jeune temps cela n’existait pas et il fallait employer la barre à mines et la dynamite. Pour être tranquille il fallait au moins que la pierre soit à 40 cm de la surface du sol. La vigne a besoin de d’au moins 40 cm de bonne terre. Quand on trouve un bloc à 20 cm de la surface, rien ne sert de l’enlever complétement, il faut l’étêter. Pour cela il fallait maîtriser l’emploi de la dynamite. J’ai appris à m’en servir en participant à la démolition de la ligne Siegfried où nous devions faire dynamiter des murs en béton d’au moins deux mètres. Il faut attaquer par le bon angle et si on se loupe, c’est raté : il faut alors attaquer au marteau-piqueur. Cela m’a beaucoup servi pour éliminer les rocs. Au lieu d’enlever tout le bloc rocheux, je faisais sauter dix à quinze centimètres, c’était suffisant.
Venait ensuite le défonçage. Il sert à enlever les racines. On replante souvent trop tôt car il faut que les racines soient ou bien enlevées, ou bien complètement sèches. Par exemple sous un roc elles restent vivantes longtemps. Elles restent bourrées de nématodes et peuvent provoquer des dégénérescences par la suite. Pendant longtemps on a eu le droit d’employer un désinfectant, le Shell DD. Ce n’est plus autorisé. Donc il faut du temps. Malheureusement dans les pays calcaires, les racines vont sous le roc et restent vivantes. On a l’impression que tout est mort, vous levez la pierre et la racine est encore vivante et donc remplie de phylloxera. Aussi il faut avoir assez de terrain pour pouvoir attendre après arrachage. Ce qui n’empêche pas de défoncer, d’enlever un maximum de racines et de laisser tranquille pendant quatre ou cinq ans. Dans les sols de grave c’est différent. Au bout de trois ou quatre ans les racines sèchent naturellement.
Labours avec une paire de bœufs. Pour défoncer il fallait deux ou trois paires… (Cliché internet)
Pour lire la suite
Télécharger « Pierre Dubourdieu (1923 – 2021)_1 un art viticole disparu.pdf »
votre commentaire -
Par Hinne le 5 Juin 2024 à 11:27
Pierre Dubourdieu, un vigneron inventif (1923-2021)
Père du professeur Denis Dubourdieu, Pierre Dubourdieu a été une figure marquante du vignoble bordelais par sa grande inventivité technique au service du monde viticole mais aussi par une vision prospective qui lui permit d'éviter les erreurs de nombreux acteurs de la filière et de traverser les crises des régions de vins blancs en permettant à Doisy-Daëne de se maintenir dans le peloton de tête des grands crus de Sauternes.
J’ai rencontré Pierre Dubourdieu quelques années après le décès en 2016 de son fils Denis, le fondateur de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin « Bordeaux-Aquitaine ». Pendant plusieurs mois, il m’a reçu à Doisy-Daëne, autour d’un verre de Doisy, pour me conter son histoire, celle de sa famille et surtout pour afficher ses convictions. Il souhaitait que je les porte à la connaissance des amateurs de vins comme une composante de la prestigieuse appellation Sauternes. Lors de nos nombreuses rencontres, Pierre Dubourdieu m’a ainsi rapporté sa vision de son métier, de son évolution. Son récit est aussi le reflet de l’expérience d’un vigneron passionné, inventif et gestionnaire avisé. Patiemment ses souvenirs ont été consignés, relus, améliorés… Et puis le Covid est arrivé…
Pour lui comme pour moi, se retrouver devenait une prise de risques. Alors j’ai attendu la fin de l’épidémie… et un matin la nouvelle est tombée : Pierre Dubourdieu est décédé le 5 août 2021. J’ai un temps décidé de laisser dormir dans un dossier les écrits accumulés de cette histoire désormais achevée. Et puis j’ai repris mes notes, réécouté les enregistrements et, par respect pour sa mémoire, décidé de publier ses souvenirs sous formes de nouvelles.
Avec « Pierre Dubourdieu, un vigneron inventif et gestionnaire avisé », le Cervin vous en livre les premières pages.
« Je suis né en 1923. Nous étions trois enfants, l’ainé, né avant la guerre de 1914-1918, moi venu après, et entre les deux, un frère qui fut médecin. Pour mon père, Georges, il n’y avait que les études qui comptaient. Il avait bien réussi, il avait le brevet supérieur et pendant un an il avait été instituteur. Pour ma mère, qui était une personne un peu originale, la qualité de la vie importait davantage. Quand je suis parvenu à l’âge de 10 ou 12 ans, elle a donc déclaré que l’on ne devait pas m’embêter : « Il fera dans la vie ce qu’il voudra ». Mon père a été réticent mais il a cédé et à la fin de sa vie il a reconnu que je m’étais bien débrouillé ».
Un créateur
Portrait par Serge Tchekhov in Histoire des grandes familles des vins de France, Wine Tour, 2015
Cervin - De l’avis de tous ceux qui l’ont connu, avec qui il a travaillé au renon du vin de Doisy-Daëne, Pierre Dubourdieu a été un travailleur infatigable, génial et inventif. Il avait un souci permanent de rendre plus aisé le dur travail de vigneron.
Pierre Dubourdieu - « J’ai commencé à travailler aux côtés de mon père en 1939 à 16 ans. Quand il m’a confié Doisy-Daëne (6 ha) au lendemain de la guerre, tout le travail se faisait encore à la main et le cheval passait dans les vignes. C’était un travail pénible, tout ce faisait à la main. J’ai alors imaginé et fait créer de nouveaux matériels pour soulager les taches des vignerons. Dans ma vie j’ai beaucoup innové. On peut sortir de Polytechnique et ne rien inventer. A la vigne il faut par contre être sans cesse en éveil, tout est dans la nature. Grace à mes inventions, même si je n’ai pas déposé de brevet, j’ai gagné de grosses sommes d’argent. Je me suis ainsi épanoui dans mon atelier, en dehors de la faculté. Quand je songe à tout ce que j’ai pu adapter ou inventer, je suis moi-même un peu surpris de la chance que j’ai eu, de cette liberté d’entreprendre…
J’ai ainsi inventé une écimeuse vigne, une décavaillonneuse automatique, un pressoir automatique, un appareil en enfoncer les piquets, le refroidissement des vins blancs secs… Par exemple, la plantation des piquets se faisait à la masse. J’ai mis au point une machine à enfoncer les piquets, ce qui m’a valu un joli prix au concours organisé par l’Institut technique du vin à Montpelier. Je l’ai fait pour sortir de la peine, de ma peine mais aussi de celle des autres. Parce que taper avec une masse toute la journée quand vous avez 3 ou 4 mille piquets à planter ! Un jour où j’avais 5 ou 6 ha à installer à Floridene, j’ai fait chercher un enjambeur, un piquet et un cric. J’ai ensuite mis l’enjambeur dans le rang, présenté un piqueur avec le cric dessus et l’ai pu ainsi enfoncer mon piquet sans peine. Je suis alors parti chercher un vérin pour aller voir le forgeron et lui expliquer mon projet. Deux jours après l’appareil était prêt. A mesure que j’arrivais à la bonne hauteur, le système se déclenchait. Je fais ma plantation quand Joseph David[i] dont l’épouse était propriétaire du château Liot voisin est passé. Il m’a alors mis en contact avec les techniciens de l’ITV pour que je présente mon invention au salon de l’année. J’ai obtenu un premier prix. C’était un joli prix. L’année suivante j’ai eu un premier prix aussi pour l’effeuilleuse. »
Pierre Dubourdieu expérimentant son effeuilleuse en 1972
A suivre
[i] Joseph David, président des Jeunes agriculteurs du Canton de Cadillac et organisateur des démonstrations de motoviticulture en Sud- Gironde entre 1949 et 1978.
votre commentaire -
Par Hinne le 14 Décembre 2023 à 14:42
Hubert Mussotte (1933-...)
une vie au service des organisations viticoles bordelaises
Entretien du CERVIN avec Hubert Mussotte par JP Goutouly et JC Hinnewinkel en juin et septembre 2016
CHÂTEAU CRU PEYRAGUEY à Preignac A gauche l’ancien chai avec les vieux pressoirs hydrauliques ;
à droite, le nouveau construit pour accueillir le pressoir pneumatique en 1987
CERVIN : Fils de vigneron de Barsac, ingénieur agronome, Hubert Mussotte est bien connu dans le vignoble Bordelais pour avoir été de 1969 à 1993, le « Monsieur économie » du CIVB. Sans jamais abandonner son « Cru Peyraguey », propriété familiale implantée à Preignac en Sauternais, il a en effet dirigé le service économie de l’interprofession jusqu’à sa retraite. Une fois celle-ci arrivée, de retour à Preignac, il s’engage au service des vignerons de Sauternes et devient président du Syndicat de l’appellation.
Responsable des services économiques du CIVB (1969_1993)
CERVIN : Ingénieur agronome, vigneron, comment en êtes-vous devenu l’homme des questions économiques au Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux ?
Hubert Mussotte : Né en 1933 dans une famille de vigneron à Barsac, diplômé de l’Ecole d’agronomie de Purpan à Toulouse en 1954, j’ai démarré aussitôt une carrière professionnelle dans les institutions vitivinicoles en Lot-et-Garonne à l’Institut des Vins de Consommation Courante (I.V.C.C.)[1]. Cette première mission a eu pour objectif de créer le casier viticole départemental dont je suis devenu le premier responsable. Le casier viticole est un outil statistique qui sert de base à l’élaboration du cadastre viticole, lui-même instrument de la politique viti-vinicole locale en vue de l’amélioration de la qualité. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, nous sommes alors au début de la mise en œuvre des décrets lois de 1935-1936 sur les AOC (appellation d’Origine Contrôlée). L’objectif est alors d’avoir une photographie précise du vignoble français puis de suivre son évolution grâce à des mises à jour régulières afin de mieux dessiner les orientations à prévoir.
Mon travail terminé en Agenais, j’ai été chargé d’entreprendre le casier viticole de la Gironde. Ce fut, en 1957, ma première introduction dans le vignoble girondin. Là j’ai découvert l’état lamentable du Médoc. Le pays médocain avait été replanté en cépages hybrides après le phylloxera et à l’époque on n’avait pas encore mis au point la chromatographie[2] ; il était donc impossible de détecter la présence d’hybrides dans le vin. Or depuis 1935 et les décrets d’Appellations contrôlées, cela était interdit. Il fallait donc les arracher et replanter. Beaucoup de propriétaires en étaient incapables. J’ai alors vu des parcelles de la commune de Saint-Estèphe où il fallait écarter les ronces pour savoir s’il y avait de la vigne.
Ce qui a, je crois, sauvé le Médoc, ce fut l’arrivée des Pieds Noirs d’une part et la chromatographie de l’autre. Comme dans de nombreuses régions viticoles les viticulteurs rapatriés d’Algérie en 1962 ont apporté avec eux dynamisme et capitaux pour relancer une viticulture en crise. Mais surtout, technique d’analyse importée des Etats-Unis par Pascal Ribereau-Gayon alors professeur à l’Institut d’œnologie de Bordeaux, la chromatographie a été radicale en permettant de bien connaître les constituants d’un vin et notamment de repérer la présence ou non de cépages hybrides[3].
A la fin des années 50 la chromatographie sur papier permis d’éliminer les hybrides
Produit aux Etats-Unis et résistant au phylloxera, les cépages hybrides ont été introduits en Europe après la grande épizootie de la fin du 19e siècle. Ce sont des cépages gros producteurs et peu qualitatifs qui ont été interdits pour la production des vis d’A.O.C. en 1935. Mais en 1957, il y avait encore du noah, de l’alicante bouchet et des hybrides partout. Le gel de 1956 a été un évènement majeur à tous points de vue, point de vue qualitatif, point de vue technique car cela a permis de régénérer le vignoble en détruisant 30% des surfaces plantées, celles des terrains les plus froids, les plus humides. En l’espace de quelques années les hybrides ont disparus.
Après je suis parti au service militaire avec 9 mois passés en Algérie. Quand je suis revenu en 1960, je suis rentré au centre de gestion de la Chambre d’Agriculture et là j’ai fait mes armes dans la gestion viticole. En 1960, c’était les débuts des centres de gestion de la Chambre d’Agriculture. Le directeur Roy arrivait de l’Eure et connaissait bien la grande culture mais ignorait à peu près tout des cultures pérennes et donc de la viticulture. Pendant un ou deux ans on a participé à des réunions à Paris dans le cadre de l’Institut de Gestion et d’Economie Rurale (IGER) où se retrouvait le groupe vigne-vin pour bâtir tout ce qui était gestion viticole. Comme nous venions tous de régions viticoles éloignées de Paris, au bout de deux ou trois réunions, nous avons décidé d’organiser des réunions tournantes, dans chaque région, ce qui nous permit de mieux nous connaître. A chaque fois, après une journée de travail, était programmée une découverte du vignoble qui nous accueillait. Cela s’est avéré très utile car au départ on ne se comprenait absolument pas. Les Bourguignons parlaient encore d’ouvrée comme unité de surface alors que nous avions adopté les mesures métriques depuis longtemps… Nous avons eu des débats houleux sur la durée de l’amortissement, sur la durée de la mise en production, troisième ou quatrième feuille… Mais en un an grâce à cette expérience de découverte commune des différents paysages viticoles français, nous avions trouvé un langage commun et la question a été réglée.
Du service de la gestion je suis ensuite parti au groupe des études pour mener une enquête sur l’ensemble des agriculteurs de la Gironde afin d’envisager l’avenir à travers la question des successions. C’est alors que j’ai fait mes débuts en informatique avec les fiches perforées à 80 colonnes. L’exploitation a été faite à Paris dans les premiers ordinateurs qui remplissaient une pièce. Je suis resté à la Chambre d’agriculture jusqu’en 1969.
C’est alors que l’on est venu me chercher pour m’exfiltrer au Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux. Le directeur était Courtot, beau-frère de Jean-Paul Jauffret, négociant et futur président du C.I.V.B.. Quand les viticulteurs se sont aperçus de ce lien avec le négoce, ils ont souhaité mettre en face quelqu’un pour faire contrepoids au négoce. C’est comme cela que j’ai atterri au CIVB. A l’époque il n’y avait encore aucun service économique. J’ai essuyé les plâtres. J’ai surtout découvert que plutôt que de chercher à réduire les dépenses, il valait mieux tenter de valoriser le produit. Dans les centres de gestion, l’objectif était en effet de faire réduire les dépenses. Mais je me suis aperçu assez vite que cela était une voie sans issue car à force de réduire on touche à un moment donné à l’essentiel, aux traitements, aux engrais, etc… et la récolte décline. Donc j’ai choisi de travailler sur les recettes plutôt que sur les dépenses et donc à valoriser le produit.
L'immeuble du CIVB, 1 Cr du 30 Juillet, Bordeaux,
H. Mussotte fut directeurs des services économiques de 1969 à 1993
C’était l’époque des premiers accords interprofessionnels avec le Syndicat des bordeaux. Celui-ci était encore somnolent et Pierre Perromat venait de le reprendre en main. En 1967, il a alors mis en place l’enregistrement de toutes les transactions. Tous, viticulteurs comme négociants, étaient obligés de déclarer leurs ventes en vrac par l’intermédiaire des courtiers qui apportaient les contrats, lesquels étaient visés par le CIVB. Cela permit de tenir les premières statistiques. Quand je suis arrivé au CIVB en 1969, les statistiques existaient donc déjà, mais elles étaient traitées à la main et j’ai pu introduire l’informatique.
Peu après mon arrivée ce fut le scandale des vins de Bordeaux, les affaires Cruse et Bert[4]. Quand un négociant vendait 100 hl, il rachetait 100 hl ; le prix importait peu. L’affaire n’était intéressante que s’il y avait un différentiel important entre les vins de table et les AOC. La mécanique était relativement simple : on achetait du vin blanc AOC, lequel était alors au prix du vin de table, et du vin de table rouge. Puis le vin rouge devenait de l’AOC, donc vendu plus cher et alors on gagnait bien sa vie. L’AOC blanc devenait du vin de table et là on ne perdait rien. Suite à cela on assiste à une envolée des prix et en franc constant, on n’a jamais retrouvé un tel niveau. Le résultat c’est que le système s’est cassé la figure.
Pour lire la suiteTélécharger « Mussote version finale.pdf »
[1] L'Institut des Vins de Consommation Courante (IVCC) a été créé en 1954 par le Décret n°54-437 du 16 avril 1954, en prolongement du Décret n° 53-977 du 30 septembre 1953 relatif à l'organisation et à l'assainissement du marché du vin, pour gérer le potentiel de production viticole (cadastre, droits de plantation, bois et plants) et l'organisation du marché des vins de table. A la création de l'OCM viticole, l'IVCC est chargé de sa gestion en lieu et place du FORMA, les fonds transitant par le budget du FORMA qui les lui délègue. Cet Institut est transformé en Office National Interprofessionnel des Vins de Table (ONIVIT) en avril 1976 (Décret n°76-302 du 7 avril 1976).
[2] La chromatographie est une technique permettant de séparer plusieurs constituants d'un mélange en les faisant migrer, sur une phase immobile, par une phase liquide ou gazeuse.
[3] Un cépage hybride est le résultat d'un croisement entre les vignes européennes (vitis vinifera) et les vignes américaines (vitis labrusca ou vitis riparia). Le nom d'hybride ou producteur direct fait référence à une famille de cépages issus du croisement.
[4] Pierre BERT était ancien négociant en vins de Barsac où il possédait une très grosse affaire employant trois cent cinquante personnes. Voir http://www.cavescooperatives.fr/la-fraude-et-le-vin.html et Pierre Bert - In vino veritas - L'Affaire des vins de Bordeaux - Editions Albin Michel (1974).
votre commentaire -
Par Hinne le 23 Octobre 2023 à 07:48
Aline Lonvaud, œnologue dans un univers masculin
Née en 1947, Docteur ès-sciences, zootechnie et agronomie (Bordeaux 2, 1986). Professeur à la Faculté d'œnologie, Université Victor Segalen-Bordeaux 2 en 2003, aujourd’hui Professeur Emérite, Institut des Sciences de la Vignes et du Vin Bordeaux-Aquitaine (ISVV).
Entretiens avec Aline Lonvaud réalisés à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin Bordeaux-Aquitaine pour le CERVIN par Jean-Michel Chevet et Jean-Claude Hinnewinkel les 10/01, 09/02 et 14/03/2017
Cervin : D’où vient votre intérêt pour l’œnologie ?
Aline Lonvaud : Je n’avais pas prévu d’être œnologue et je préparais les concours d’admission aux grandes écoles d’agronomie. En 1968, j’ai été admissible mais pas reçue. Je ne suis pas bordelaise, mais narbonnaise J’étais attirée par la chimie et à Narbonne, la chimie, c’était l’œnologie. Des œnologues de « gros » laboratoires locaux m’ont conseillée : « Pour faire des études d’œnologie, il faut aller à Bordeaux », alors que nous n’étions qu’à 100 km de Montpellier. C’est comme cela que je suis arrivée à l’Institut d’œnologie pour préparer le diplôme national d’œnologue, dont la première version comportait, deux ans après le bac, une année de préparation et l’année du DNO. Comme je sortais de classe préparatoire aux grandes écoles, j’ai été admise en deuxième année. Là j’ai eu de grands professeurs, Jean Ribéreau-Gayon, directeur de l’Institut d’œnologie, Emile Peynaud, directeur du service de recherche de la station agronomique et œnologique, Pascal Ribéreau-Gayon, professeur, Pierre Sudraud, directeur du laboratoire interrégional de la répression des fraudes, alors intégré à l’Institut d’œnologie et Gérard Seguin maître de conférences.
Pour mon orientation en œnologie, je dois insister sur le rôle de Mr G. Seguin. Indirectement je lui dois beaucoup. A l’issue de mon DNO, j’ai fait le stage dans son laboratoire. Ses travaux portaient alors sur l’alimentation en eau de la vigne, il mesurait et étudiait les profils hydriques dans les sols et dans la plante, tout au long de l’année et surtout pendant l’été jusqu’aux vendanges. J’ai donc travaillé avec lui pour la première fois en août 1970, en faisant les prélèvements de raisins sur les points de mesure de profil hydrique. Quand je n’étais pas dans la vigne, j’étais devant des paillasses ; c’était le bonheur absolu. J’étudiais deux sites viticoles du Médoc et un du Sauternais, l’évolution de la baie de raisin depuis la véraison jusqu’à la vendange. Pour chaque baie (200 baies par prélèvement) au moins une fois par semaine (plus s’il pleuvait) je notais le poids, le volume, l’acidité, les sucres le nombre de pépins et… la résistance à l’éclatement. Ce dernier caractère était mesuré grâce à un montage très ingénieux mis au point par Mr. Seguin et un de ses collègues « bricoleur ». L’objectif était de mettre en relation toutes ces mesures sur la baie et celles sur l’alimentation en eau et les profils hydriques du sol. Je ne ferai pas plus de commentaire sur la machine à calculer qui devait peser 10kg et qui pendant des heures me permettait de faire les calculs de corrélation entre les différents paramètres mesurés et… imprimait des longueurs de papier impressionnantes ; les calculettes n’en étaient qu’à leur début et il n’y en avait pas à l’Institut. J’avais dû finalement acheter ma première calculette « Texas » encore très limitée dans ses performances sans doute en 1971.
Une fois titulaire du DNO, que faire ? Conseillée par Mr Seguin, je suis repartie étudiante à l’Université, ce qui n’était pas prévu. Mais les temps étaient plus favorables que maintenant, et plusieurs chercheurs de l’Institut d’œnologie m’ont trouvé des petits boulots, trois mois par ici, quinze jours par-là, j’ai travaillé régulièrement, et j’ai beaucoup appris en direct. L’institut d’œnologie comprenait alors plusieurs laboratoires de chimie, distincts par leurs activités et applications, un labo de microbiologie et un de pédologie-ampélologie. D’abord sitôt mon DNO en poche, j’ai fait des contrôles de vinification pour la campagne de 1970 pour Mr Peynaud, pendant l’absence de sa technicienne. Puis sans manquer beaucoup de cours à l’université, j’ai travaillé dans le laboratoire de Mr. Guimberteau, chef de travaux au service de répression des fraudes alors rattaché à l’Institut d’œnologie et finalement dans tous les laboratoires, avant de revenir l’été suivant reprendre les études sur les baies de raisin.
Selon les périodes, en fonction des absences de personnel ou de surcroît de travail, j’ai été affectée à tous, sauf à celui de microbiologie qui n’en a pas eu besoin. Mr Seguin, cette année-là, m’avait recrutée aussi comme monitrice de TP pour les analyses de sol du Diplôme Universitaire d’Etudes en Ampélologie. Je lui dois beaucoup car il m’a soutenue pendant les deux années de préparation de ma maîtrise de biochimie à l’Université de Bordeaux 2. Là, j’ai passé les certificats de chimie organique, biophysique, biochimie structurale et métabolique avec d’excellents professeurs, B. Labouesse, J. Bové, B.Guérin, etc… . Tantôt sur les bancs de la fac, tantôt devant la paillasse, c’était sensationnel ; j’étais souvent sollicitée dans un laboratoire ou un autre.
J’ai obtenu mon DEA avec Mr Pascal Ribéreau-Gayon et après le DEA j’ai continué en thèse. Tout était simple. Mr. Ribéreau-Gayon m’a donné le choix pour mon sujet de thèse ; je pouvais aller chez Mr Bertrand et faire de la chromatographie gazeuse ou rester dans son labo. Mr Ribéreau-Gayon avait investi dans une électrode à CO², un outil de pointe qui a couté 15 000 francs, pour une thèse en biochimie. Mr Ribéreau-Gayon estimait que, compte tenu de l’investissement, une thèse ne suffisait pas et qu’il en fallait une seconde. Mais contrairement à ce que je supposais, comme titulaire d’une maitrise de biochimie, je fus conviée à étudier le CO2 dans les vins. J’avais suivi des cours de biochimie, et même de biologie moléculaire, discipline qui démarrait à Bordeaux avec J. Bové, j’étais plutôt déçue. C’était plus proche de la physico-chimie que de la biochimie et de l’enzymologie qui prenait alors de l’importance en œnologie. « Vous avez trois ans, on se retrouve dans trois ans » me dit mon directeur de thèse. J’ai dû vraiment faire preuve d’imagination pour trouver… ce qu’il fallait chercher. Je m’en suis sortie grâce à l’appui d’œnologues du terrain comme G.Guimberteau. J’allais dans les chais de producteurs ou de négociants surpris de me voir arriver et aborder un sujet qui, à vrai dire, ne les avait jamais préoccupés. Quand je me rendais chez un grand négociant sur les quais, je n’y allais pas seule, mais avec un stagiaire, un homme, qui lui avait un meilleur accueil pour faire des prélèvements dans les cuves des grands chais. C’était l’époque où les femmes n’étaient pas bienvenues dans les chais. Tout cela a énormément changé. Les femmes maitresses de chais ne sont plus des exceptions. Elles représentent même une meilleure image du château ! Et puis il y avait André Lefebvre, véritablement « Mr géo-trouve-tout » de l’Institut. Il connaissait énormément de choses et réalisait constamment des montages ou des expériences inédites pour vérifier ses hypothèses tirées de ses observations. Je discutais beaucoup avec lui parce qu’il était bien la seule personne que le sujet du CO2 intéressait. Finalement j’ai soutenu une thèse de Troisième cycle sur l’utilisation des gaz neutres en œnologie, une technique toujours utilisée et qui depuis n’a pas bénéficié d’autres travaux. Cela suffisait sans doute. J’avais dans mon jury de thèse celui qui le premier avait travaillé sur le CO² dans les vins, le Professeur Jaulmes de l’Université de pharmacie de Montpellier, spécialisé en chimie du vin. Il était avec Jean Ribéreau-Gayon un précurseur en œnologie. Lors de la soutenance ces deux grands personnages se sont congratulés l’un l’autre, je n’ai pas eu une seule question, Mr Jean Ribéreau-Gayon louant la faculté de pharmacie, Mr Jaulmes qualifiant de magnifique le travail effectué à Bordeaux et le félicitant pour le recrutement de son fils Pascal. C’était l’époque des « mandarins » mais cela ne me gênait pas ; ils étaient de grands professeurs, et j’étais plutôt contente et fière d’y être.
Cervin : Cette époque des « mandarins » est donc terminée ? Quelles sont les différences avec l’époque actuelle ? Le choix des sujets ? Un plus grand suivi des doctorants ?
Pour lire la suite
votre commentaire -
Par Hinne le 19 Septembre 2023 à 15:10
Michel Boyer,
mémoire du Château Du Cros (Loupiac) et des vins blancs liquoreux
Entretiens réalisés pour le CERVIN par Jean-Claude Hinnewinkel entre 2018 et 2023 (car interrompus par le Covid) avec Michel Boyer, une des fortes personnalités de l’appellation Loupiac en Sud-Gironde
Cervin : Comment êtes-vous devenu vigneron à Loupiac , en Côtes de Bordeaux?
Michel Boyer : je suis un peu bordelais, un peu d’origine corrézienne par ma mère
Mon grand-père est arrivé à Bordeaux dans les années 1850, à l’époque où Bordeaux connaissait une grande prospérité industrielle avec les fabriques de bouteilles, celles de céramiques ou de faïences… Pour faire marcher ces usines, on n’utilisait pas encore le pétrole mais la vapeur et il fallait des entreprises qui fabriquent des chaudières. Beaucoup de Corréziens pour travailler dans le monde du vin. Les Moueix sont des Corréziens, les Janoueix aussi… Eux ont été attirés par le commerce. Mon grand-père, François Thévenot, est arrivé de Corrèze attiré par l’industrie. Il construisait des ouvrages en charpentes métalliques. On doit notamment à la famille Boyer la construction métallique type «Eiffel» de la gare de Bordeaux. C’est un phénomène immuable les habitants des régions pauvres sont attirés par les régions riches, ont toujours attiré les habitants des pays pauvres. On le voit très bien aujourd’hui, les pays riches ont toujours attiré les habitants des pays pauvres.
J’ai cependant toujours appartenu à une famille dans le milieu viticole, je suis né à Portets il y a 90 ans, au château Beausite à Portets. François Thévenot avait rencontré Adrienne Larousse qui était originaire de Bordeaux et dont la famille possédait une maison de campagne à Loupiac où le propriétaire du château du Cros, le comte de la Chassaigne n’avait pas su anticiper le développement des céréales dans la Beauce qui allait faire baisser le prix du blé cultivé sur le plateau du Château du Cros de façon importante. Il n’avait pas non plus pensé que le départ des hommes à la guerre allait rendre difficile la culture de la vigne à la main sur le coteau. Il se trouvait donc en difficultés financières et fut contraint de vendre.
Amoureux de ces terres, François Thévenot a ainsi l’idée d’acquérir le Château du Cros en 1917. François Thévenot était entrepreneur de travaux publics et il n’hésita pas à arracher le reste du vignoble existant sur le coteau et à replanter les vignes sur le plateau. Cette replantation fut réalisée entre 1920 et 1940. Cet ancien vignoble existe toujours et produit les meilleurs vins du Château du Cros avec des vignes presque centenaires
Le château du Cros au début du 20e siècle
Yvonne, la fille de François Thévenot rencontre Georges Boyer et ainsi je suis né dans un château viticole. Après avoir combattu durant les 2 guerres, fait prisonnier en Allemagne et libéré en 1943, Georges Boyer revient au Château du Cros. Il s’est alors occupé de la propriété qu’il a acquise suite aux problèmes financiers de son beau-père François Thévenot.
Je suis donc arrivé au château du Cros j’avais 3 ans. J’ai passé ma jeunesse à Loupiac et je me suis formé à l’école d’ingénieur agricole d’Angers de 1954 à 1958. Je me suis marié avec Françoise Moulière en 1958. Françoise état issue d’une famille Bretonne de pêcherie de sardines à Douarnenez. Après avoir participé aux opérations de maintien de l’ordre en Algérie dans la marine, en 1960 je rentre au Cros. Je laisse à mon père Georges le soin de s’occuper du vignoble et débute une activité d’exploitation de vergers le long de la Garonne : pêches, poiriers puis pommiers, kiwis et cerises successivement. De 1965 à 1981 j’ai exploité 15 ha de pêchers et 15 ha de poiriers puis, de 1981 à 2006 je les ai remplacés par des pommiers.
De 1965 à 2006, le château domine des vergers de fruitiers implantés dans la palus à la place des vignes en appellation bordeaux
En 1967, mon père décède et je reprends les vignobles, entreprend des travaux de replantations sur le plateau et achète d’autres vignobles pour diversifier l’offre du Château du Cros. A cette époque, il devait y avoir 27 hectares de vignes blanches pour la production de vins liquoreux sur le plateau que dominent toujours les ruines du vieux château Du Cros. L’exploitation était exclusivement viticole. Il y avait alors très peu de vignes rouges, juste pour la consommation personnelle, surtout dans la plaine où régnaient les fameux hybrides. Sur le coteau il n’y avait pas de vignes, il y en avait eu – les vieilles photos sont avec de la vigne sur le coteau - mais il n’y en avait déjà plus et c’est moi qui aie commencé à y mettre du rouge.
Quand j’ai passé la main à ma fille en 2004, l’exploitation s’était diversifiée. Il y avait toujours la vigne blanche dont la superficie avait été accrue et atteignait 45 hectares sur le plateau et sur le coteau où j’ai replanté. Il devait en plus y avoir 5 ou 6 hectares de vignes rouges, à l’époque c’était du bordeaux, maintenant c’est devenu du Cadillac-Côtes de Bordeaux. J’avais aussi acheté les propriétés de Barsac et Cérons. La propriété de Cérons a été vendue en 2000 à Sigana de Sainte-Croix-du-Mont. Cela faisait un peu trop important pour ma fille à tout gérer. A Cérons on a toujours le château Haut Mayne, en rouge et en blanc sur le plateau. Enfin le vignoble de Château Courbon à Toulenne que j’exploite depuis 1994 a été acheté à la famille Sanders, propriétaire à l’époque du Château Haut Bailly en Pessac–Léognan. En 2000 j’exploitais 95 hectares de vignes.
En 2004, quand ma fille prend la direction des vignobles, elle donne une dimension internationale au Château du Cros. Elle insuffle une nouvelle dynamique avec le développement de l’œnotourisme et les accords mets vins. En 2006, elle arrête les vergers e diminue un peu la superficie viticole car elle exploite ce qu’elle sait vendre, elle doit être à 75 hectares. On a toujours Cérons et Toulenne. Elle a laissé la vente des vins en vrac et se consacre à la vente en bouteilles. Elle a également abandonné les cultures fruitières et sur les terres ainsi libérées je supervise la culture de 30 hectares de maïs non irrigués car ils n’en ont pas eu besoin jusqu’à maintenant.
A partir de 2006, 30ha de maïs ont remplacé les arbres fruitiers dans la palue
Pour lire la suite
Télécharger « M Boyer entretiens CERVIN 2023.pdf »
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique