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2001 Les dynamiques actuelles des campagnes viticoles françaises
Jean-Claude Hinnewinkel, agrégé de Géographie, MCF Université M de Montaigne Bordeaux3, CERVIN
Communication au colloque " Le devenir de l'agriculture et des espaces ruraux", Châteauroux les 7 et 8 septembre 2001 et publié dans
La culture de la vigne, longtemps consommatrice de main d’œuvre a été par excellence la culture « peuplante » des campagnes occidentales. Au cours des dernières décennies, et après la plupart des autres activités agricoles, la viticulture a connu à son tour une restructuration profonde avec contraction des espaces viticoles, concentration des exploitations et érosion assez sensible des actifs agricoles, ainsi que le soulignent les premiers résultats disponibles du RGA 2000. Au delà du constat global[1], les évolutions sont contrastées suivant les régions mais aussi à l’intérieur de celles-ci, ce que précisera notre première partie.
Les dynamiques souvent divergentes s’y traduisent par des effets induits, positifs ou négatifs selon les espaces concernés, ce qui introduit une diversité de plus en plus grande à l’intérieur des campagnes viticoles. Certains paraissent accumuler les aménités : nous essayerons ainsi d’ analyser les modalités des dynamiques de campagnes attractives et vivantes dans notre seconde partie. D’autres nous paraissent au contraire menacées comme nous le verrons dans la troisième partie[2].
Le vignoble français : restructuration et contraction spatiale
La place des campagnes viticoles dans l’ensemble français doit, dans une première phase, être appréciée en utilisant les premières données disponibles du RGA2000. Si l’on prend en compte l’ensemble des exploitations recensées et ayant déclaré des « vignes à raisin de cuve », la comparaison avec le RGA1988 souligne l’effondrement du nombre des exploitations mettant en valeur des vignes pour la production de vins ou d’alcool alors même que les surfaces subissent une érosion assez faible.
Toutefois la place de la vigne dans le paysage agricole se rétracte, moins toutefois que celle des exploitations « avec vigne » dans l’ensemble des exploitations agricoles. La reconversion des vignobles de vins de consommation courante vers une viticulture de plus grande qualité s’est traduite une forte diminution des surfaces en vignes dans un tiers des départements encore « viticoles » en 1988 (carte 1c) alors qu’un tiers seulement ont connu une augmentation, le plus souvent légère. La viticulture est de plus en plus l’apanage de quelques départements où dominent les surfaces en VQPRD[3].
Moins nombreuses les exploitations sont désormais plus grandes par suite du relatif maintien des surfaces cultivées : leur surface moyenne en vigne passe de 5,5 hectares en 1988 à 8 hectares en 2000. La baisse du nombre d’exploitations et donc des emplois de chefs d’exploitation, est compensé par un travail salarié qui au contraire se développe : 52 000 salariés permanents en 2000, soit 6 % de plus qu'en 1988. La part des exploitations utilisant ces permanents passe de même de 12 % en 1988 à 18 % aujourd’hui. L’activité des salariés saisonniers est également en légère progression, malgré l'essor de la mécanisation des vendanges. Elle touche 61 % des surfaces en 2000 contre 38 % en 1988[4]. Le travail effectué par des entreprises de travaux agricoles fait plus que doubler en douze ans. Il ne représente cependant que 1 % de l’ensemble du travail accompli dans les exploitations.
Ce constat global sommaire masque en réalité des dynamiques territoriales contrastées : En dehors de départements comme le Doubs ou la Moselle où les progression spectaculaires correspondent à des évolutions très faibles en valeur absolue, les progressions les plus spectaculaires (plus de 25%) concernent des départements du centre de la France qui sont dynamisés par de petits vignobles « VQPRD» revigorés par la mode des produits du terroir comme ceux de Quincy, Reuilly ou Menetou-Salon dans le Cher, de Saint-Pourçain-sur-Sioule dans l’Allier…
Moins spectaculaires en pourcentage (moins de 25%) mais autrement significatives en surface, sont les progressions des grands vignobles, Anjou-Touraine, Alsace , Bourgogne, Champagne, Côtes du Rhône méridionales et Bordelais. Avec plus 12 000 hectares de vignes, la Gironde « consomme » à elle seule plus du tiers de l’augmentation de surface de l’ensemble des VQPRD.
Les surfaces en vignes diminuent au contraire dans tous les départements où la viticulture s’est contractée sur des petits vignobles ayant réussi leur reconversion qualitative. Ainsi en est-il de tous les autres départements aquitains, Dordogne comprise, de la Région Midi-Pyrénées, à l’exception du Gers. Les surfaces déclinent assez fortement en Charentes où la crise du Cognac entraîne également une reconversion partielle vers les vins de pays. Elles s’effondrent en Languedoc-Roussillon où les vignes d’appellation résistent bien et où progressent les vins de pays de cépage.
Ainsi, malgré une échelle d’analyse (celle du département) pas toujours adaptée mais rendue provisoirement incontournable pour des raisons de sources statistiques, les campagnes viticoles françaises apparaissent animées par des dynamiques divergentes, avec campagnes viticoles en essor et campagnes viticoles, sinon toujours en déclin, du moins en stagnation.
[1] Site Internet du Scees : agreste.agriculture.gouv.fr, Résultats du recensement viticole de l'année 2000, Des viticulteurs moins nombreux mais plus spécialisés, consulté le 5.11.2001
[2] Notre projet initial était une analyse de l’ensemble des campagnes viticoles françaises à partir des données cantonales du RGA2000. Celles-ci n’étant pas disponibles au moment de la rédaction de ce texte, j’ai du me satisfaire des résultats départementaux disponibles sur Internet et me limiter, pour les analyses plus approfondies de situations locales, au territoire de l’Aquitaine pour lequel nous disposons d’informations postérieures au recensement de 1988. Seules quelques pistes ouvrent notre réflexion sur les autres espaces viticoles français.
[3] VQPRD : vin de qualité produit dans une région de qualité
[4] Site Internet du Scees, ibid.
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