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2013 Sur le patrimoine paysager viticole girondin
Sur le patrimoine paysager viticole
Serge Briffaud[1]-Jean-Claude Hinnewinkel[2]
Entretiens Graves-Sauternais du 28-29 septembre 2013 à la Maison des Graves –Podensac
[1] Professeur d’histoire à l’Ecole du Paysage de Bordeaux
[2] Professeur émérite de Géographie à l’Université Bordeaux-Montaigne – CERVINv-ISVV
Intro : Quelques notions incontournables pour y voir plus clair
- Le paysage n’est pas un objet, mais une situation, c’est-à-dire un agencement temporaire, dans l’espace perceptible, d’éléments liés entre eux par un réseau plus ou moins serré d’interrelations. Comprendre un paysage, c’est donc à la fois le réinscrire dans un processus d’évolution — appréhender la nature et la direction d’un changement — et dans un réseau de relations, de nature à la fois — et le plus souvent indissociablement — sociales et écologiques.
- Le paysage n’est pas une réalité séparable de sa perception. Il n’existe que relativement à des regards, qui lui donne sens et valeur. Pour comprendre un paysage, il faut donc aussi se demander qui le regarde, pourquoi, et comment il est perçu. Et partir de l’idée qu’il ne prend son sens qu’à la croisée de regards différents, intégrant une pluralité d’attentes et de référents culturels.
- Parler de « patrimoine paysager » est donc parler d’un patrimoine qui ne peut être assimilé ni à un objet figé, ni à un élément isolé de son contexte, ni même à une réalité complètement objective. Pour cette raison, le paysage secoue le patrimoine et le dépoussière, obligeant à le penser autrement que sur le mode de la délimitation claire et nette introduisant une cassure dans l’espace, de la préservation immobilisante rompant le fil du temps et de la valeur objective et absolue. Protéger un patrimoine paysager, c’est au contraire gérer une relation socio-spatiale, contrôler et parfois infléchir une dynamique, et construire la valeur du paysage en croisant les regards dont il fait l’objet.
- Parler de patrimoine paysager viticole ne devrait donc pas revenir à parler d’une forme ou d’un élément paysager particulier (terrasses, chais et châteaux, etc.), mais d’un ensemble d’artefacts viticoles ayant leur cohérence sociale et technique (formant un tout socio-technique), qu’il convient d’associer aux éléments clés de leur environnement. Le Ciron peut être sans aucun doute considéré comme une composante essentielle du patrimoine viticole du Sauternais, sans être pour autant l’œuvre du vigneron.
- Au paysage viticole, comme à quelques autres paysages (la forêt, la haute montagne...) s’attache le sentiment d’une permanence — l’idée que les choses « ont toujours été ainsi ». Un bref coup d’œil sur le passé des territoires viticoles montre toujours qu’il s’agit là d’une idée fausse.
L'évolution du paysage à Saint-Emilion de 1947 à 2006
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