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Mémoire du vignoble de Bordeaux
Pierre Dubourdieu (1923 – 2021),
un art viticole disparu
Article rédigé à partir des entretiens réalisés par le Cervin (JC Hinnewinkel) avec le père de Denis Dubourdieu en 2020
CERVIN JCH : J’ai rencontré Pierre Dubourdieu quelques années après le décès en 2016 de son fils Denis, le fondateur de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin « Bordeaux-Aquitaine ».
Pendant plusieurs mois, il m’a reçu à Doisy-Daëne, autour d’un verre de Doisy, pour me conter son histoire, celle de sa famille et surtout pour afficher ses convictions. Il souhaitait que je les porte à la connaissance des amateurs de vins comme une composante de la prestigieuse appellation Sauternes. Lors de nos nombreuses rencontres, Pierre Dubourdieu m’a ainsi rapporté sa vision de son métier, de son évolution. Son récit est aussi le reflet de l’expérience d’un vigneron passionné, inventif et gestionnaire avisé. Patiemment ses souvenirs ont été consignés, relus, améliorés… Et puis le Covid est arrivé…
Pour lui comme pour moi, se retrouver devenait une prise de risques. Alors j’ai attendu la fin de l’épidémie… et un matin la nouvelle est tombée : Pierre Dubourdieu est décédé le 5 août 2021. J’ai un temps décidé de laisser dormir dans un dossier les écrits accumulés de cette histoire désormais achevée. Et puis j’ai repris mes notes, réécouté les enregistrements et, par respect pour sa mémoire, décidé de publier ses souvenirs sous formes de nouvelles sur le site du CERVIN :
Avec « Pierre Dubourdieu, «un art viticole aujourd’hui disparu», le Cervin vous livre aujourd’hui ses premières pages mémoires de ce grand « artiste vigneron ».
Au volant de sa voiture en 2020
Pierre Dubourdieu : « Je suis né en 1923. Nous étions trois enfants, l’ainé, né avant la guerre de 1914-1918, moi venu après, et entre les deux, un frère qui fut médecin. Pour mon père, Georges, il n’y avait que les études qui comptaient. Il avait bien réussi, il avait le brevet supérieur et pendant un an il avait été instituteur. Pour ma mère, qui était une personne un peu originale, la qualité de la vie importait davantage. Quand je suis parvenu à l’âge de 10 ou 12 ans, elle a donc déclaré que l’on ne devait pas m’embêter : « Il fera dans la vie ce qu’il voudra ». Mon père a été réticent mais il a cédé et à la fin de sa vie il a reconnu que je m’étais bien débrouillé ».
Georges Dubourdieu (1895-1979)
Pierre Dubourdieu (2023-2021)
J’ai commencé à travailler aux côtés de mon père Georges sur les propriétés de Doisy-Daëne à Barsac et d’Archambault à Illats en 1939, à l’âge de 16 ans. Les seuls millésimes que je n’ai pas vinifiés sont le 1944 et le 1945, suite à mon engagement en 1943.
Doisy-Daëne (Barsac) dans les années 80
Archambault (Illats) dans les années 2000
CERVIN JCH : Vous évoquez volontiers un art viticole disparu des années 1930-1940. Qu’entendez-vous par là ?
Pierre Dubourdieu : A l’époque les pratiques viticoles étaient approximativement les mêmes qu’au début du 20e siècle, lors de la reconstruction des vignobles après la grande crise phylloxérique de la fin du siècle précédent. Il s’agissait d’une viticulture très soigneuse où chaque pied de vigne, chaque branche étaient l’objet de soins particuliers. Je vais décrire la succession des travaux telle qu’on la pratiquait à l’époque.
La plantation
Tout commençait bien sûr avec la plantation. A l’époque c’était le travail le plus long et surtout le plus pénible car tous les travaux se faisaient à la main. Il fallait d’abord enlever les grosses pierres. C’est rempli de pierre à Barsac. Aujourd’hui on utilise de grosses pelles. Dans mon jeune temps cela n’existait pas et il fallait employer la barre à mines et la dynamite. Pour être tranquille il fallait au moins que la pierre soit à 40 cm de la surface du sol. La vigne a besoin de d’au moins 40 cm de bonne terre. Quand on trouve un bloc à 20 cm de la surface, rien ne sert de l’enlever complétement, il faut l’étêter. Pour cela il fallait maîtriser l’emploi de la dynamite. J’ai appris à m’en servir en participant à la démolition de la ligne Siegfried où nous devions faire dynamiter des murs en béton d’au moins deux mètres. Il faut attaquer par le bon angle et si on se loupe, c’est raté : il faut alors attaquer au marteau-piqueur. Cela m’a beaucoup servi pour éliminer les rocs. Au lieu d’enlever tout le bloc rocheux, je faisais sauter dix à quinze centimètres, c’était suffisant.
Venait ensuite le défonçage. Il sert à enlever les racines. On replante souvent trop tôt car il faut que les racines soient ou bien enlevées, ou bien complètement sèches. Par exemple sous un roc elles restent vivantes longtemps. Elles restent bourrées de nématodes et peuvent provoquer des dégénérescences par la suite. Pendant longtemps on a eu le droit d’employer un désinfectant, le Shell DD. Ce n’est plus autorisé. Donc il faut du temps. Malheureusement dans les pays calcaires, les racines vont sous le roc et restent vivantes. On a l’impression que tout est mort, vous levez la pierre et la racine est encore vivante et donc remplie de phylloxera. Aussi il faut avoir assez de terrain pour pouvoir attendre après arrachage. Ce qui n’empêche pas de défoncer, d’enlever un maximum de racines et de laisser tranquille pendant quatre ou cinq ans. Dans les sols de grave c’est différent. Au bout de trois ou quatre ans les racines sèchent naturellement.
Labours avec une paire de bœufs. Pour défoncer il fallait deux ou trois paires… (Cliché internet)
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Le terroir viticole de SAINT-MACAIRE
à la recherche de son identité (13e – 19e siècles)
JC Hinnewinkel, Géographe, Université Bordeaux – Montaigne CERVIN / Siriona rives de Garonne
A environ 50 km de Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne, Saint-Macaire constitue le « verrou historique du Bordelais ». Autrefois capitale dynamique d’un petit pays d’une dizaine de paroisses, elle offre aujourd’hui les charmes d’une vieille cité à peine sortie du Moyen-Age. La quête d’identité est particulièrement étroite pour ce territoire
1.: Les origines patrimoniales du terroir viticole macarien.
Ancienne cité gallo-romaine implantée sur un éperon rocheux aisément fortifiable que venaient alors baigner les eaux de la Garonne, Saint-Macaire est située approximativement à la limite amont des manifestations de la marée. Elle jouissait ainsi de tous les effets bénéfiques de celle-ci sur la navigation.
Photo 1 : Au Moyen âge la cité de Saint-Macaire dominait le port sur la Garonne qui coulait à ses pieds
Très tôt la cité devient un port important sur la Garonne, drainant les productions d’un arrière-pays qui préfigure le terroir de Saint-Macaire (Fig. 1).
Fig.1 : Le terroir ne peut se réduire à un lieu agronomique. Le terroir est un espace d’action et de projet, un système géographique complexe dans lequel le site agronomique (ou terroir agronomique ou agro-terroir) est une composante en interrelation avec le terroir social, à la fois paysage et réseau d’acteurs.
Dès 1227, une « commune » de marchands signe un accord avec les cités d’Agen, Port-Sainte-Marie, le Mas d’Agenais et La Réole pour régler à l’amiable les conflits de navigation sur la Garonne. Un maire apparaît en 1256 et la cité, devenue « ville royale d’Angleterre » en 1341 par la grâce d’Henri III, peut battre monnaie et exerce son autorité sur une juridiction de 6 paroisses qui s’étendent entre le comté de Benauge et Sainte-Croix-du-Mont au Nord, le ruisseau de Saint-Martin de Sescas à l’Est et le cours de la Garonne au Sud et au Sud-Ouest (Fig. 2).
Fig.2: Découpages administratifs du pays macarien
En 1379, Saint-Macaire participe à la ligue d’autodéfense des « filleules de Bordeaux » avec Libourne, Saint-Emilion, ... liant ainsi son destin à celui de la capitale du duché.
Le privilège des vins de Bordeaux
La cité et sa région connaissent une certaine prospérité avec la période anglaise, Saint-Macaire est en effet sur la rive droite de la Garonne la limite extrême de l’archevêché de Bordeaux. A ce titre elle bénéficie pour sa juridiction du « privilège des vins de Bordeaux ». Celui-ci permet alors aux producteurs installés en aval du ruisseau de Saint-Martin-de-Sescas d’écouler leurs vins sur le marché bordelais et par-là même, étranger, dès la fin des vendanges (Fig.3)
Fig. 3 : Les effets des privilèges, le Haut et le Bas pays, le bassin d'approvisionnement de Bordeaux (Sandrine Lavaud, Bordeaux et le vin au Moyen-âge, essor d'une civilisation viticole, Editions Sud-Ouest, 2003)
Les vins récoltés plus en amont, dans le « haut pays » devaient quant à eux attendre la Saint-Martin dans un premier temps, puis Noël. Il s’agissait ainsi pour les jurats bordelais de limiter la concurrence des vins de l’Aquitaine intérieure. La mesure était d’autant plus efficace que la fermentation des vins était très mal maîtrisée et que dans le port de Bordeaux les navires se faisaient rares pendant la mauvaise saison : après Noël il fallait alors souvent attendre le printemps, si les vins n’étaient pas perdus, pour trouver acquéreur. Toutefois cette position frontalière entre haut et bas pays (Fig. 3) se traduit pas par l’essor du vignoble, sans doute à cause des effets de la guerre de 100 ans (1337-1453).
Un protectionnisme de clocher
Le vignoble macarien[1] reste un vignoble vivrier jusqu’à la fin de la guerre de 100ans. C’est essentiellement un vignoble de basse terrasse et de pieds de côte au sein de la juridiction de Saint-Macaire. C’est un vignoble en archipel avec quelques ilots plus dense autour de Saint-Macaire. Partout la vigne est dispersée au milieu des parcelles en prairies ou en cultures céréalières. C’est une culture secondaire en joualles concurrencées par les jardins. L’impression qui domine est celle d’un « vignoble-jardin » où dominent les céréales alors que dans les palus réservés aux prairies la vigne est absente. Le vin est alors produit pour le boire sur place, pour l’autoconsommation et la vente « en ville ».C’est une situation que l’on retrouve alors autour des petites villes d’Aquitaine et même de la France entière.
Ce vignoble est un vignoble de citadins. Constituée par des bourgeois héréditaires qui constituent une « élite marchande » d’alleutiers détenteurs de parcelles dans la campagne proche, la société est dominée par quelques « maisons nobles » et le Prieuré de Saint-Macaire, plus gros propriétaire de vignes
Photo 2 : Le Mercadiou, place du marché et haut-lieu du terroir macarien au Moyen âge
Ce vignoble est aussi un vignoble populaire, une multitude de petits tenanciers disposant le plus souvent de 2 ou 3 petites parcelles pour leur consommation familiale, le surplus éventuel étant commercialisé quand le vin des bourgeois était bu.
Donc, au final, un vignoble ordinaire relevant comme souvent d’un protectionnisme de clocher qui n’a pas pu profiter de son appartenance au royaume d’Angleterre, sans doute à cause de la guerre de Cent ans. Le terroir macarien est limité aux quelques parcelles et ilots viticoles de la basse terrasse à proximité de cité.
Les privilèges sont confirmés après 1453 par les rois de France, tel Henri II qui ordonne en 1551 « que le vin qui se cueillera au-dessus de Saint-Macaire ne pourra être descendu au-devant de la ville de Bordeaux jusqu’après le jour et fête de Noël et ne devra ni entrer ni être mis dans ladite ville. Et semblablement n’entrera en icelle ville aucun vin s’il n’est du cru de ladite sénéchaussée et diocèse de Guyenne »[1]. (Fig.3)
Après la conquête française, à la fin du 15e et au début du 16e, des îlots de plus en plus nombreux mitent les paysages de polyculture. La densification des basses terrasses s’accompagnent de la conquête des coteaux. Cet élan s’accompagne d’une restructuration foncière avec regroupement des parcelles, constitutions de parcelles plus grandes et concentrations des terres sans toutefois atteindre le phénomène des « bourdieux » comme on le constate à proximité de Bordeaux. Les Macariens investissent largement la juridiction, allant même jusqu’à Sainte-Croix-du-Mont. Les baux à court terme se développent. C’est alors, avec le développement des domaines, une période d’expansion viticole, retardée par rapport celle du Bordelais dont le 1er âge d’or est le 16e siècle.
Ce protectionnisme de clocher a permis de protéger le marché local, celui des vins de ville, des vins bourgeois. Il opère avec des exemptions de droits ou de coutumes et ne vaut que pour le marché des vins de ville. Il revient à donner la priorité au vin local sur le vin « étranger » jusqu’à ce que le premier soit bu.
Un protectionnisme de terroir
Le protectionnisme de clocher est remplacé par le protectionnisme de terroir.
Fig. 4 : La taxation de 1647 traduite en carte, les hiérarchies des terroirs bordelais au 17e siècle. Etabli à la demande de la Jurade de Bordeaux, afin de fixer les minima et maxima pour la production de l’année, cette mercuriale ne constitue en aucun cas un classement qualitatif. Il s’agit en fait d’une liste parmi d’autres, heureusement conservée dans les archives.
Saint-Macaire est à cette époque une ville de près de 5 000 habitants qui supplante nettement sa rivale Langon. Cette dernière fait en effet alors partie de l’archevêché de Bazas et à ce titre ne bénéficie pas jusqu’en 1612 du privilège des vins de Bordeaux. Le terroir des vins de Saint-Macaire est un élément reconnu du vignoble bordelais par sa composante juridique qu’est alors la Juridiction de Saint-Macaire.
Fig.5 : Le vignoble de Bordeaux au XIVe siècle (Jean-Claude Hinnewinkel, Les terroirs viticoles, origines et devenir, Bordeaux, Editions Féret, 204, p.212)
Sur la rive gauche, l’évêché de Bordeaux s’arrête en effet à Toulenne bien que cette dernière fasse partie de la juridiction de Langon et de la sénéchaussée de Bazas. Il s’ensuit une rivalité ancienne entre les deux villes et le premier procès remonte à 1331, alors que Langon relève du roi de France et Saint-Macaire du roi d’Angleterre. Une île du lit de la Garonne dont l’enjeu est justement le bénéfice pour Langon du privilège des vins de Bordeaux, est revendiqué par les deux parties.
Les destructions des guerres de Religion et surtout l’envasement du port avec le déplacement du cours de la Garonne vers son tracé actuel se concrétisent dans un lent mais inéluctable déclin. Certes les vins de la juridiction continuent de bénéficier de privilèges jusqu’en 1776 où un édit de Turgot leva l’interdiction d’entrée des vins dans le port de Bordeaux avant la Saint-Martin.[1] Mais attirés par l’essor commerce colonial, les marchands macariens sont déjà installés dans la capitale de la Guyenne.
La Révolution confirme ce déclin. La ville perd son assise territoriale pour ne plus contrôler que les 179 ha de sa paroisse. En 1790, elle n’est élevée qu’au rang d’un modeste chef-lieu de canton du district de Cadillac, composé alors des anciennes communes de sa juridiction moins Sainte-Croix-du-Mont rattachée à celui de Cadillac, et Saint-Martin de Sescas rattachée à celui de La Réole, augmenté de Saint-Martial et Saint-Germain-de-Graves. En 1800, le remodelage administratif étend le pats macarien vers le Nord-Est et l’Est en lui redonnant Saint-Martin de Sescas et en adjoignant Caudrot, Sainte-Foy-la-Longue, Saint-Laurent-du-Plan et Saint-Laurent-du-Bois ainsi que Semens. (Fig.2)
Aux lendemains de la période révolutionnaire et la disparition des «privilèges des vins de Bordeaux », les vins de Saint-Macaire sont principalement des vins rouges corsés et colorés appréciés des consommateurs anglais comme « New French Claret ». Une bonne partie provient des palus. Tout au long du 19ième siècle, ils sont commercialisés comme les vins des côtes de Bourg et de Blaye, à un niveau à peine inférieur à celui des Côtes de Bordeaux actuelles. Et jusqu’à la fin du 19e siècle les ateliers de tonnellerie étaient un des points forts de l’activité macarienne.
La suite de l'histoire du terroir des vins de Saint-Macaire est à retrouver dans :
Jean-Claude Hinnewinkel L’identité perdue du vignoble de Saint-Macaire au 20e siècle
[1] P.ROUDIE. Vignobles et vignerons du Bordelais. (1850-1980), CNRS, 1988.
[1]A.SAPALY. Langon à travers les siècles. Office de Tourisme. Langon. 1992
[1] Sandrine Lavaud, Les dynamiques du vignoble à la fin du Moyen-âge, 19e colloque du Clem les 20-20-22 octobre 2023, à paraître
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Pierre Dubourdieu, un vigneron inventif (1923-2021)
Père du professeur Denis Dubourdieu, Pierre Dubourdieu a été une figure marquante du vignoble bordelais par sa grande inventivité technique au service du monde viticole mais aussi par une vision prospective qui lui permit d'éviter les erreurs de nombreux acteurs de la filière et de traverser les crises des régions de vins blancs en permettant à Doisy-Daëne de se maintenir dans le peloton de tête des grands crus de Sauternes.
J’ai rencontré Pierre Dubourdieu quelques années après le décès en 2016 de son fils Denis, le fondateur de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin « Bordeaux-Aquitaine ». Pendant plusieurs mois, il m’a reçu à Doisy-Daëne, autour d’un verre de Doisy, pour me conter son histoire, celle de sa famille et surtout pour afficher ses convictions. Il souhaitait que je les porte à la connaissance des amateurs de vins comme une composante de la prestigieuse appellation Sauternes. Lors de nos nombreuses rencontres, Pierre Dubourdieu m’a ainsi rapporté sa vision de son métier, de son évolution. Son récit est aussi le reflet de l’expérience d’un vigneron passionné, inventif et gestionnaire avisé. Patiemment ses souvenirs ont été consignés, relus, améliorés… Et puis le Covid est arrivé…
Pour lui comme pour moi, se retrouver devenait une prise de risques. Alors j’ai attendu la fin de l’épidémie… et un matin la nouvelle est tombée : Pierre Dubourdieu est décédé le 5 août 2021. J’ai un temps décidé de laisser dormir dans un dossier les écrits accumulés de cette histoire désormais achevée. Et puis j’ai repris mes notes, réécouté les enregistrements et, par respect pour sa mémoire, décidé de publier ses souvenirs sous formes de nouvelles.
Avec « Pierre Dubourdieu, un vigneron inventif et gestionnaire avisé », le Cervin vous en livre les premières pages.
« Je suis né en 1923. Nous étions trois enfants, l’ainé, né avant la guerre de 1914-1918, moi venu après, et entre les deux, un frère qui fut médecin. Pour mon père, Georges, il n’y avait que les études qui comptaient. Il avait bien réussi, il avait le brevet supérieur et pendant un an il avait été instituteur. Pour ma mère, qui était une personne un peu originale, la qualité de la vie importait davantage. Quand je suis parvenu à l’âge de 10 ou 12 ans, elle a donc déclaré que l’on ne devait pas m’embêter : « Il fera dans la vie ce qu’il voudra ». Mon père a été réticent mais il a cédé et à la fin de sa vie il a reconnu que je m’étais bien débrouillé ».
Un créateur
Portrait par Serge Tchekhov in Histoire des grandes familles des vins de France, Wine Tour, 2015
Cervin - De l’avis de tous ceux qui l’ont connu, avec qui il a travaillé au renon du vin de Doisy-Daëne, Pierre Dubourdieu a été un travailleur infatigable, génial et inventif. Il avait un souci permanent de rendre plus aisé le dur travail de vigneron.
Pierre Dubourdieu - « J’ai commencé à travailler aux côtés de mon père en 1939 à 16 ans. Quand il m’a confié Doisy-Daëne (6 ha) au lendemain de la guerre, tout le travail se faisait encore à la main et le cheval passait dans les vignes. C’était un travail pénible, tout ce faisait à la main. J’ai alors imaginé et fait créer de nouveaux matériels pour soulager les taches des vignerons. Dans ma vie j’ai beaucoup innové. On peut sortir de Polytechnique et ne rien inventer. A la vigne il faut par contre être sans cesse en éveil, tout est dans la nature. Grace à mes inventions, même si je n’ai pas déposé de brevet, j’ai gagné de grosses sommes d’argent. Je me suis ainsi épanoui dans mon atelier, en dehors de la faculté. Quand je songe à tout ce que j’ai pu adapter ou inventer, je suis moi-même un peu surpris de la chance que j’ai eu, de cette liberté d’entreprendre…
J’ai ainsi inventé une écimeuse vigne, une décavaillonneuse automatique, un pressoir automatique, un appareil en enfoncer les piquets, le refroidissement des vins blancs secs… Par exemple, la plantation des piquets se faisait à la masse. J’ai mis au point une machine à enfoncer les piquets, ce qui m’a valu un joli prix au concours organisé par l’Institut technique du vin à Montpelier. Je l’ai fait pour sortir de la peine, de ma peine mais aussi de celle des autres. Parce que taper avec une masse toute la journée quand vous avez 3 ou 4 mille piquets à planter ! Un jour où j’avais 5 ou 6 ha à installer à Floridene, j’ai fait chercher un enjambeur, un piquet et un cric. J’ai ensuite mis l’enjambeur dans le rang, présenté un piqueur avec le cric dessus et l’ai pu ainsi enfoncer mon piquet sans peine. Je suis alors parti chercher un vérin pour aller voir le forgeron et lui expliquer mon projet. Deux jours après l’appareil était prêt. A mesure que j’arrivais à la bonne hauteur, le système se déclenchait. Je fais ma plantation quand Joseph David[i] dont l’épouse était propriétaire du château Liot voisin est passé. Il m’a alors mis en contact avec les techniciens de l’ITV pour que je présente mon invention au salon de l’année. J’ai obtenu un premier prix. C’était un joli prix. L’année suivante j’ai eu un premier prix aussi pour l’effeuilleuse. »
Pierre Dubourdieu expérimentant son effeuilleuse en 1972
A suivre
[i] Joseph David, président des Jeunes agriculteurs du Canton de Cadillac et organisateur des démonstrations de motoviticulture en Sud- Gironde entre 1949 et 1978.
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L’identité perdue du vignoble de Saint-Macaire au 20e siècle
JC Hinnewinkel, Géographe, Université Bordeaux – Montaigne CERVIN / Siriona rives de Garonne Communications présentée au 19e Colloque du CLEM, L’Entre-deux-Mers et son identité,le 22 octobre 2023 à Saint-Macaire.
Le vignoble de Saint-Macaire est un des vieux vignobles de côtes du Bordelai s, en rive droite de la Garonne, en face du Sauternais.Avec Sandrine Lavaud nous y avons suivi la construction du terroir viticole de Macaire sous l’ancien régime[i]. Aux lendemains de la période révolutionnaire et la disparition des «privilèges des vins de Bordeaux », les vins de Saint-Macaire sont principalement des vins rouges corsés et colorés appréciés des consommateurs anglais comme « New French Claret ». Une bonne partie provient des palus. Tout au long du 19ième siècle, ils sont commercialisés comme les vins des côtes de Bourg et de Blaye, à un niveau à peine inférieur à celui des Côtes de Bordeaux actuelles. Et jusqu’à la fin du 19e siècle les ateliers de tonnellerie étaient un des points forts de l’activité macarienne.
Fig. 1- Le territoire de Saint-Macaire, de l’ancienne juridiction à l’aire A.O.P.
1 Les vins de Saint-Macaire au 20e siècle
L’histoire des vins du pays de Saint-Macaire au cours du siècle dernier pet être résumée assez aisément, avec une alternance de courtes périodes de prospérité et de longues périodes de difficultés sinon de crise.
1.1 Le vignoble au tournant du siècle : une reconversion vers les vins blancs[i]
En 1900, lors de la 1ère campagne de déclaration de récoltes obligatoires, les 600 viticulteurs du canton produisent tous du rouge et seulement la moitié du blanc. C’est donc un vignoble de vin rouge qui fait face aux crises de la deuxième moitié du 19e siècle, oïdium, black rot et surtout phylloxera. Toutefois sur les coteaux, du côté de Sainte-Croix-du-Mont et Verdelais, au contact des futures Premières Côtes de Bordeaux, les producteurs de vins blancs liquoreux sont nombreux.
La « Reconstitution des vignobles » rendue indispensable par les ravages du phylloxera se traduit par l’émergence d’un nouveau vignoble, avec des exploitations souvent agrandies et modernisées, ce qui entraine une forte surproduction, et avec elle, une mévente des vins rouges commercialisés entre 250 et 400 frs quand, dans le sud des Graves, ils le sont à 600 frs, et près de Bordeaux, à 900 frs au minimum. Ainsi avec le 20e siècle commence une succession de longues crises encadrant de courtes périodes de prospérité.
La demande des pays nordiques favorisent alors une reconversion assez rapide vers les vins blancs de qualité produits à partir de cépages sémillon, muscadelle et sauvignon. En 1920, avec 58 975 hl contre 38 039 hl pour les vins blancs, les vins rouges sont encore majoritaires mais ils l’emportent surtout sur les terres alluviales des communes riveraines de la Garonne. Sur les coteaux les vins blancs dominent le plus souvent.
1.2 Années 20 – 30, affirmation d’un terroir de vins blancs
Cette reconversion du début 20e se traduit ainsi par l’essor des vins blancs moelleux. En 1924, sur 1640 déclarants, 1000 font du blanc et 1000 du rouge, 350 seulement du rouge, 160 seulement du blanc. Surtout, les vins blancs sont issus de « cépages nobles » alors que les vins rouges sont produits par des cépages hybrides qui ne seront pas reconnus pour les futurs vins d’appellation. C’est donc tout naturellement pour défendre leurs intérêts et leurs vins blancs que les viticulteurs des dix communes de la région de Saint-Macaire non incluses dans le Syndicat de la Grande Côte de Bordeaux lors de sa création en 1926, se regroupent en un syndicat viticole qui, en 1929, définit les règles de ce qui deviendra lors du décret-loi du 30 juillet 1935 l’appellation « Côtes-de-Bordeaux-Saint-Macaire ».
Seuls les vins blancs de la région étant reconnus par le négoce comme des vins de qualité, cette appellation est alors réservée aux vins blancs. Cela se traduit donc à la veille et au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale par une progression spectaculaire des vins blancs A.O.C. En 1969, ils représentent près des deux-tiers de la production de l’aire contre seulement un septième pour les vins rouges A.O.C. d’appellation Bordeaux ou Bordeaux-Supérieur. Le terroir des « clarets » de Saint-Macaire, déjà bien identifié en 1647 est reconverti en terroir de vins moelleux.
Dès 1931, face à la crise économique qui perdure, les vignerons du Syndicat des Côtes supérieures de Bordeaux-Saint-Macaire créent une « la coopération de la misère », la coopérative du syndicat des Côtes supérieures de Bordeaux-Saint-Macaire pour porter la demande d’un terroir « Côtes de Bordeaux –Saint-Macaire ». La cave de Saint-Pierre d’Aurillac est installée dans les anciens locaux d’un négociant avec comme mission non seulement de produire des vins de qualité grâce à un équipement adapté, plus efficient que les cuviers des petits producteurs mais aussi d’assurer le commercialisation en remplacement d’un négoce jugé défaillant. En 1938 celle-ci regroupe 180 vignerons. Elle est alors entièrement spécialisée dans les vins blancs, produisant de 500hl à 1300 hl selon les années.
Fig. 2 - les Côtes de Bordeaux Saint-Macaire au lendemain des décrets AOC, atlas Larmat, 1943
Pour lire la suite
Télécharger « 2023 Vins de St Macaire colloque CLEM avec docs.pdf »
[i] Hinnewinkel Jean-Claude, Territorialité viticole et gouvernance, Les vignobles de vins blancs du Sud-Gironde in Liquoreux d'Aquitaine et d'ailleurs : Enjeux patrimoniaux, Usages et notoriété des vins, sous la direction de L.Jalabert et S.Lachaud, éditions Cairn, 2023
[i]Lavaud Sandrine, Les dynamiques du vignoble de Saint-Macaire à la fin du Moyen Âge, 19e colloque l’Entre-deux-Mers et son identité, Saint-Macaire, 2023
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Hubert Mussotte (1933-...)
une vie au service des organisations viticoles bordelaises
Entretien du CERVIN avec Hubert Mussotte par JP Goutouly et JC Hinnewinkel en juin et septembre 2016
CHÂTEAU CRU PEYRAGUEY à Preignac A gauche l’ancien chai avec les vieux pressoirs hydrauliques ;
à droite, le nouveau construit pour accueillir le pressoir pneumatique en 1987
CERVIN : Fils de vigneron de Barsac, ingénieur agronome, Hubert Mussotte est bien connu dans le vignoble Bordelais pour avoir été de 1969 à 1993, le « Monsieur économie » du CIVB. Sans jamais abandonner son « Cru Peyraguey », propriété familiale implantée à Preignac en Sauternais, il a en effet dirigé le service économie de l’interprofession jusqu’à sa retraite. Une fois celle-ci arrivée, de retour à Preignac, il s’engage au service des vignerons de Sauternes et devient président du Syndicat de l’appellation.
Responsable des services économiques du CIVB (1969_1993)
CERVIN : Ingénieur agronome, vigneron, comment en êtes-vous devenu l’homme des questions économiques au Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux ?
Hubert Mussotte : Né en 1933 dans une famille de vigneron à Barsac, diplômé de l’Ecole d’agronomie de Purpan à Toulouse en 1954, j’ai démarré aussitôt une carrière professionnelle dans les institutions vitivinicoles en Lot-et-Garonne à l’Institut des Vins de Consommation Courante (I.V.C.C.)[1]. Cette première mission a eu pour objectif de créer le casier viticole départemental dont je suis devenu le premier responsable. Le casier viticole est un outil statistique qui sert de base à l’élaboration du cadastre viticole, lui-même instrument de la politique viti-vinicole locale en vue de l’amélioration de la qualité. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, nous sommes alors au début de la mise en œuvre des décrets lois de 1935-1936 sur les AOC (appellation d’Origine Contrôlée). L’objectif est alors d’avoir une photographie précise du vignoble français puis de suivre son évolution grâce à des mises à jour régulières afin de mieux dessiner les orientations à prévoir.
Mon travail terminé en Agenais, j’ai été chargé d’entreprendre le casier viticole de la Gironde. Ce fut, en 1957, ma première introduction dans le vignoble girondin. Là j’ai découvert l’état lamentable du Médoc. Le pays médocain avait été replanté en cépages hybrides après le phylloxera et à l’époque on n’avait pas encore mis au point la chromatographie[2] ; il était donc impossible de détecter la présence d’hybrides dans le vin. Or depuis 1935 et les décrets d’Appellations contrôlées, cela était interdit. Il fallait donc les arracher et replanter. Beaucoup de propriétaires en étaient incapables. J’ai alors vu des parcelles de la commune de Saint-Estèphe où il fallait écarter les ronces pour savoir s’il y avait de la vigne.
Ce qui a, je crois, sauvé le Médoc, ce fut l’arrivée des Pieds Noirs d’une part et la chromatographie de l’autre. Comme dans de nombreuses régions viticoles les viticulteurs rapatriés d’Algérie en 1962 ont apporté avec eux dynamisme et capitaux pour relancer une viticulture en crise. Mais surtout, technique d’analyse importée des Etats-Unis par Pascal Ribereau-Gayon alors professeur à l’Institut d’œnologie de Bordeaux, la chromatographie a été radicale en permettant de bien connaître les constituants d’un vin et notamment de repérer la présence ou non de cépages hybrides[3].
A la fin des années 50 la chromatographie sur papier permis d’éliminer les hybrides
Produit aux Etats-Unis et résistant au phylloxera, les cépages hybrides ont été introduits en Europe après la grande épizootie de la fin du 19e siècle. Ce sont des cépages gros producteurs et peu qualitatifs qui ont été interdits pour la production des vis d’A.O.C. en 1935. Mais en 1957, il y avait encore du noah, de l’alicante bouchet et des hybrides partout. Le gel de 1956 a été un évènement majeur à tous points de vue, point de vue qualitatif, point de vue technique car cela a permis de régénérer le vignoble en détruisant 30% des surfaces plantées, celles des terrains les plus froids, les plus humides. En l’espace de quelques années les hybrides ont disparus.
Après je suis parti au service militaire avec 9 mois passés en Algérie. Quand je suis revenu en 1960, je suis rentré au centre de gestion de la Chambre d’Agriculture et là j’ai fait mes armes dans la gestion viticole. En 1960, c’était les débuts des centres de gestion de la Chambre d’Agriculture. Le directeur Roy arrivait de l’Eure et connaissait bien la grande culture mais ignorait à peu près tout des cultures pérennes et donc de la viticulture. Pendant un ou deux ans on a participé à des réunions à Paris dans le cadre de l’Institut de Gestion et d’Economie Rurale (IGER) où se retrouvait le groupe vigne-vin pour bâtir tout ce qui était gestion viticole. Comme nous venions tous de régions viticoles éloignées de Paris, au bout de deux ou trois réunions, nous avons décidé d’organiser des réunions tournantes, dans chaque région, ce qui nous permit de mieux nous connaître. A chaque fois, après une journée de travail, était programmée une découverte du vignoble qui nous accueillait. Cela s’est avéré très utile car au départ on ne se comprenait absolument pas. Les Bourguignons parlaient encore d’ouvrée comme unité de surface alors que nous avions adopté les mesures métriques depuis longtemps… Nous avons eu des débats houleux sur la durée de l’amortissement, sur la durée de la mise en production, troisième ou quatrième feuille… Mais en un an grâce à cette expérience de découverte commune des différents paysages viticoles français, nous avions trouvé un langage commun et la question a été réglée.
Du service de la gestion je suis ensuite parti au groupe des études pour mener une enquête sur l’ensemble des agriculteurs de la Gironde afin d’envisager l’avenir à travers la question des successions. C’est alors que j’ai fait mes débuts en informatique avec les fiches perforées à 80 colonnes. L’exploitation a été faite à Paris dans les premiers ordinateurs qui remplissaient une pièce. Je suis resté à la Chambre d’agriculture jusqu’en 1969.
C’est alors que l’on est venu me chercher pour m’exfiltrer au Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux. Le directeur était Courtot, beau-frère de Jean-Paul Jauffret, négociant et futur président du C.I.V.B.. Quand les viticulteurs se sont aperçus de ce lien avec le négoce, ils ont souhaité mettre en face quelqu’un pour faire contrepoids au négoce. C’est comme cela que j’ai atterri au CIVB. A l’époque il n’y avait encore aucun service économique. J’ai essuyé les plâtres. J’ai surtout découvert que plutôt que de chercher à réduire les dépenses, il valait mieux tenter de valoriser le produit. Dans les centres de gestion, l’objectif était en effet de faire réduire les dépenses. Mais je me suis aperçu assez vite que cela était une voie sans issue car à force de réduire on touche à un moment donné à l’essentiel, aux traitements, aux engrais, etc… et la récolte décline. Donc j’ai choisi de travailler sur les recettes plutôt que sur les dépenses et donc à valoriser le produit.
L'immeuble du CIVB, 1 Cr du 30 Juillet, Bordeaux,
H. Mussotte fut directeurs des services économiques de 1969 à 1993
C’était l’époque des premiers accords interprofessionnels avec le Syndicat des bordeaux. Celui-ci était encore somnolent et Pierre Perromat venait de le reprendre en main. En 1967, il a alors mis en place l’enregistrement de toutes les transactions. Tous, viticulteurs comme négociants, étaient obligés de déclarer leurs ventes en vrac par l’intermédiaire des courtiers qui apportaient les contrats, lesquels étaient visés par le CIVB. Cela permit de tenir les premières statistiques. Quand je suis arrivé au CIVB en 1969, les statistiques existaient donc déjà, mais elles étaient traitées à la main et j’ai pu introduire l’informatique.
Peu après mon arrivée ce fut le scandale des vins de Bordeaux, les affaires Cruse et Bert[4]. Quand un négociant vendait 100 hl, il rachetait 100 hl ; le prix importait peu. L’affaire n’était intéressante que s’il y avait un différentiel important entre les vins de table et les AOC. La mécanique était relativement simple : on achetait du vin blanc AOC, lequel était alors au prix du vin de table, et du vin de table rouge. Puis le vin rouge devenait de l’AOC, donc vendu plus cher et alors on gagnait bien sa vie. L’AOC blanc devenait du vin de table et là on ne perdait rien. Suite à cela on assiste à une envolée des prix et en franc constant, on n’a jamais retrouvé un tel niveau. Le résultat c’est que le système s’est cassé la figure.
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[1] L'Institut des Vins de Consommation Courante (IVCC) a été créé en 1954 par le Décret n°54-437 du 16 avril 1954, en prolongement du Décret n° 53-977 du 30 septembre 1953 relatif à l'organisation et à l'assainissement du marché du vin, pour gérer le potentiel de production viticole (cadastre, droits de plantation, bois et plants) et l'organisation du marché des vins de table. A la création de l'OCM viticole, l'IVCC est chargé de sa gestion en lieu et place du FORMA, les fonds transitant par le budget du FORMA qui les lui délègue. Cet Institut est transformé en Office National Interprofessionnel des Vins de Table (ONIVIT) en avril 1976 (Décret n°76-302 du 7 avril 1976).
[2] La chromatographie est une technique permettant de séparer plusieurs constituants d'un mélange en les faisant migrer, sur une phase immobile, par une phase liquide ou gazeuse.
[3] Un cépage hybride est le résultat d'un croisement entre les vignes européennes (vitis vinifera) et les vignes américaines (vitis labrusca ou vitis riparia). Le nom d'hybride ou producteur direct fait référence à une famille de cépages issus du croisement.
[4] Pierre BERT était ancien négociant en vins de Barsac où il possédait une très grosse affaire employant trois cent cinquante personnes. Voir http://www.cavescooperatives.fr/la-fraude-et-le-vin.html et Pierre Bert - In vino veritas - L'Affaire des vins de Bordeaux - Editions Albin Michel (1974).
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