• Dirigé par Jean-Claude HinnewinkelClaudine Le Gars

    Édité par Centre d'études et de recherches sur la vigne et le vin

    Cet ouvrage propose au professionnel comme à l'amateur, une réflexion originale sur les A.O.C. et leur devenir dans la mondialisation. Originale, car elle tente de cerner les structures fondamentales qui expliquent la permancence des grands vignobles, confortent leur image et en déterminent les grands axes de défense


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  • Loupiac, Sainte-Croix-du-Mont, Cadillac etc., les coteaux de rive droite de la Garonne entre Saint-Macaire au Sud et Langoiran au Nord ont depuis des lustres assis leur prospérité sur la renommée de leurs vins blancs liquoreux. Ce phénomène s’est amplifié dans l’entre-deux-guerres avec la vogue des vins blancs doux et la reconnaissance de cette spécificité dans les appellations d’origine contrôlée.

    Comme les terrasses graveleuses du Sauternais et de la rive gauche de la Garonne, les coteaux de rive droite deviennent alors et jusque dans les années 1970 le domaine de prédilection des cépages sémillon, sauvignon et plus accessoirement muscadelle. Le premier à débourrement moyen et à maturation tardive paraît aussi bien adapté aux sols gravelo-argileux qui dominent dans la région, qu’à la production des vins liquoreux ou moelleux et constituent alors la base de l’encépagement régional.

    La crise des vins blancs en général, celle des vins blancs doux plus particulièrement, s’est traduite au cours des deux dernières décennies par une forte progression des malbecs, merlots et autres cabernets. La progression de ces cépages rouges est partout manifeste.

    Pourtant Loupiac et Sainte-Croix-du-Mont résistent assez bien même si les prix sont loin d’atteindre ceux des sauternes. La production annuelle en tout cas se maintient. Les Premières Côtes de Bordeaux connaissent des sursauts, certes bien éphémères pour les producteurs, mais demeurent à un prix comparable à celui des vins rouges de même appellation. Par contre d’autres appellations demeurent confidentielles telles les Côtes de Bordeaux-Saint-Macaire ou le Haut-Benauge (fig. 1).

    A travers les analyses de l’évolution des terroirs concernés, c’est la complexité des liaisons entre les hommes et le milieu, entre terroirs et appellations qui est envisagée. Pour permettre des
    comparaisons aussi aisées que possible entre les étapes retenues, nous avons choisi comme indicateurs le rapport "blanc/rouge", soit en volume, soit en surface selon les données disponibles, complété par le rapport "vigne/surface totale", celle-ci correspondant à celle de la paroisse ou de la commune jusqu’à ce que soit disponible la S.A.U.


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  • Né au lendemain de la seconde guerre mondiale, les hasards de l’existence ont voulu que j’embrasse la profession de « géographe » en devenant, à la veille de la « révolution de 68 » étudiant en géographie à l’université de Besançon.

     

    Les raisons de ce choix sont davantage liées à la rencontre au lycée de Dole (39) d’un jeune agrégé d’histoire-géographie, Jean-Claude Wieber, qui devait devenir professeur des universités à Besançon quelques années plus tard, qu’à un attrait indéfectible pour une discipline qui apparaissait encore comme une disciple « naturaliste » de l’Histoire.

    Les rencontres bisontines avec quelques personnalités qui allaient devenir des ténors de la discipline en France confirmèrent un choix qui ne devait que rarement être écorné au cours de toute une carrière au sein de l’Education Nationale. Confortée dans la capitale bisontine par les personnalités de Jacques Bethemont, Robert Chapuis, Paul Claval, Gabriel Rougerie et bien sûr Jean-Claude Wiebert cette orientation. géographique fut confirmée lors d’un transfert à Bordeaux pour des raisons familiales. Là, au contact de Guy Lasserre, Pierre Barrère, Henri Enjalbert et Philippe Roudié, la « vocation » s’affirma. Ce n’était plus seulement celle d’un enseignant mais aussi celle d’un chercheur. Le Ceget (Centre d’études de géographie tropicale), laboratoire CNRS nouvellement créé par Guy Lasserre devait servir de tremplin pour un départ en Guadeloupe et une thèse de géographie sur les Petites Antilles.

    Une géographie physique.

    Au début des années 1970, même la fréquentation de Paul Claval n’avait pas réussi à me détourner du primat de la géographie physique : l’influence, déjà ancienne, de Jean-Claude Wiebert, la conception bordelaise de la géographie dominée alors par des « géophysiciens » devaient me conduire vers une thèse de géographie physique. Et pendant une vingtaine d’années m’accompagna avec plus ou moins d’intensité dans mes multiples activités de géographes, que ce soit comme professeur à l’École Normale de la Guadeloupe (1972-1977), comme responsable du département des études pédagogiques au CRDP de Dijon (1977-1984) ou comme professeur d’histoire-géographie en collège puis lycée en sud Gironde à partir de 1984. La soutenance de cette thèse à l’université de Bordeaux en 1989 concrétisa cette longue gestion tout en marquant une inflexion notable dans une conception de la « science géographique » qui devait dès lors profondément se renouveler, à l’instar de la géographie française.

    Du physique au social, la quête des terroirs du vin

    La soutenance de cette thèse trop longtemps entretenue sous la direction bienveillante de Guy Lasserre devait en effet marquer une profonde rupture. Celle-ci se traduisit d’abord par une « réapparition » comme chargé de cours à l’Université de Bordeaux où je retrouvai comme complice Philippe Roudié et la géographie des vignobles. Mes « origines scientifiques » ne conduisirent tout naturellement vers une analyse des terroirs et la compréhension de la géographie des vignobles par l’excellence des « terroirs », c’est-à-dire en fait des « sols viticoles . Telle était alors la pensée dominante de l’INAO confortée par les expertises scientifiques bordelaises d’Henri Enjalbert et surtout de Réné Pijassou.

    Sceptique mais comme toujours ouvert à toutes les hypothèses, Philippe Roudié m’accompagna dans mes travaux qui bien vite devait souligner les lacunes de l’approche purement « physique » des terroirs, même replacée dans une perspective « géohistorique ». La fréquentation des travaux issus d’une approche géographique plus « systémique » devait fournir des perspectives de lecture du fonctionnement des terroirs du vin plus conforme à celle des chercheurs, qu’ils soient géographes ou d’autres sciences sociales, travaillant sur d’autres productions agricoles. L’arrivée à Bordeaux de Guy Di Méo, l’année suivant mon recrutement à l’université devait achever de me conforter dans un double hypothèse complémentaire : 

    • le terroir, qu’il soit du vin ou d’une toute autre production agricole, est d’abord un espace de production géré par une communauté humaine ; 
    • la géographie est avant tout une science des territoires et donc une science social

     

    Une géohistoire des territoires

    Dès lors, et ce jusqu’à ce jour où l’heure de la retraite à sonné – d’où ce blog synonyme de loisirs disponibles – toute mon activité de recherches a été centrée sur le fonctionnement des territoires du vin. Sans négliger la composante « naturelle » du terroir, l’essentiel de mes analyses portent sur ce que l’on néglige le plus souvent, la composante « humaine » et plus particulièrement le rôle des organisations collectives dans leur gouvernance. Pour ce faire, en héritier de l’école de géographie bordelaise, en fidèle disciple de Philippe Roudié, sans renié pour autant Alain Huetz de Lemps, Henri Henjabert et René Pijassou, je me suis fait « géohistorien », convoquant l’histoire pour comprendre comment et pourquoi la vigne avait permis à des sociétés viticoles de perdurer là par delà les siècles quand elle avait disparu ailleurs. Et à peu près toujours, le même constat : la compréhension d’une permanence passe par une analyse systémique où les seuls facteurs physiques ne peuvent suffirent à expliquer la réussite d’un territoire, fut-il du vin, dans la longue durée.

     

    Mémoires des vins de Bordeaux

    Entretenir la mémoire des vins de Bordeaux et valoriser les archives de l’ I.S.V.V Bordeaux-Aquitine constitue la pierre angulaire de mon activité depuis mon départ  en retraite en 2007.

    Avec un collègue historien, Jean-Michel Chevet lui aussi associé à l'Institut, nous avons entrepris d'enregistrer la mémoire des acteurs du vignoble au cours de la 2ème moitié du 20ème siècle.

    Nous avons ainsi débuté par l'oenologie bordelaise avec Jean-Paul Jauffret, Denis Dubourdieu, Jean-Noèl Boidron, Patrick Léon, Alain Bertrand, Jean-Claude Berrrouet...

     

    L’un des objectifs de ce blog est donc d’éclairer ce long cheminement d’un demi-siècle de géographie « active » à travers des expériences d’un enseignant – chercheur dont le parcours ne fut pas des plus linéaires comme en témoigne le curriculum joint mais que la liste des publications – scientifiques ou pédagogiques – rattache toujours à la Géographie.

     

    Jean-Claude Hinnewinkel (1945-...)

    1972 - Professeur Agrégé de Géographie

    1970-1977 - Professeur d'histoire-géographie en Guadeloupe, au collège du Moule la 1ère année, à l’École normale ensuite et chargé de cours au Centre d'enseignement supérieur de Pointe à Pitre

    1978-1984 - Responsable du département pédagogique au CRDP de Dijon

    1985-1994 - Professeur d'histoire-géographie en Gironde

    1995-2002 - Professeur agrégé de Géographie puis maître de conférences à l'Université Michel de Montaigne - Bordeaux3

    2003-2007 - Professeur des Universités, directeur du CERVIN, directeur de l'UFR Géographie-aménagement

    2007-2015 - Professeur émérite Université Bordeaux-Montaigne, chercheur associé à l'ISVV

    2015-2020 - Chercheur associé à l'Institut des Sciences de la vigne et du vin Bordeaux-Aquitaine (sciences sociales)


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