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Quand le climat impose une mutation des pratiques.
Le retour des terroirs ?
Jean-Claude HINNEWINKEL[1]
La culture de la vigne est presque aussi ancienne que la sédentarisation des sociétés humaines.
Paradoxalement confrontée aujourd’hui au paradigme du développement durable comme toutes les activités humaines, la production vitivinicole est contrainte de l’aborder sous la menace très directe du changement climatique dont les effets se font déjà sentir aussi bien dans les rangs de vigne que dans la fraîcheur des chais. Depuis quelques années, cette situation inquiète certains acteurs de la filière, nourrissant même des craintes pour l’avenir de ce qui est (fut ?) un des avantages comparatifs de la viticulture européenne, les terroirs.
Elle fournit ainsi une belle occasion de révéler certains fonctionnements de cette filière vitivinicole, longtemps montrée comme un exemple de réussite de cogestion entre professionnels et politiques. C’est tout particulièrement sa propension à privilégier les entrées thématiques, principalement la technique et l’économique, ignorant presque toujours la dimension sociale qui nous intéresse ici. Car les analyses, d’où qu’elles viennent, ne considèrent jamais une entrée globale. Pratiquement aucune des études proposées depuis quelques années ne prend en compte la complexité des systèmes sous l’angle spatial comme social[2]. La plupart accordent le primat à la technique et/ou au financier.
Notre propos est donc d’aborder ici l’avenir de la filière vitivinicole dans les vieux pays viticoles de l’Europe de l’ouest sous un angle plus systémique, en montrant combien le terroir, représentation d’un espace de production notamment vitivinicole, peut être un scénario d’avenir pour la filière à condition de le considérer dans toutes ses dimensions et de lui redonner toute la place qui est la sienne, la première.
Pour ce faire nous rappellerons d’abord quelles sont aujourd’hui les premières manifestations du changement climatique sur le monde vitivinicole avant d’analyser quelle représentation du terroir est porteuse d’avenir. Dans un troisième temps nous déclinerons quelques-unes des conditions que nous estimons indispensables à la réussite de ce scénario.
[1] Jean-Claude HINNEWINKEL, professeur émérite de Géographie Université de Bordeaux, ancien dircteur du CERVIN (Centre d’études et de recherche sur la vigne et le vin http://www.msha.fr/CERVIN ), , ISVV / UMR 5185 ADES / CERVIN.
[2] Exception faite d’une étude de prospective de l’INRA où toutefois la prise en compte du changement climatique n’est pas inclue
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