• 2007 Vignobles et géohistoire

     

    Vignobles et géohistoire

     

    Jean-Claude Hinnewinkel, professeur émérite de Géographie, Université Bordeaux-Montaigne, CERVIN et ISVV, in Sud-Ouest européen, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, n°23, 2007, p.5-16

     

    L’étude géographique des grands vignobles du monde pose au chercheur deux grandes séries d’interrogations :

    - celle de la permanence dans la longue durée ; pourquoi un vignoble comme Bordeaux a pu durer par delà les crises et demeurer l’une des principale références mondiales, et ce depuis près d’un millénaire ?

    - celle du fonctionnement du système ; pourquoi, dans ce vignoble qui donne l’image de la « perfection » viticole, la crise actuelle pas anticipée ?

    Pour apporter un élément de réponse est abordée ici la question de la prise en compte du temps et surtout des multiples temporalités dans le parcours et la gestion de ces objets géographiques complexes que sont tous les grands vignobles, soit des vignobles étendus et de forte notoriété.

    Pour fixer le cadre temporel nécessaire à cette réflexion, commençons par un rappel historique sur l’étude de cas qui la porte, le vignoble de Bordeaux.

    2007 Vignobles et géohistoire

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  • 2008 Quelle valorisation du terroir dans la mondialisation ?

    Quelle valorisation du terroir dans la mondialisation du marché du vin ?

    Jean-Claude Hinnewinkel

    Le diaporama présenté ici a été réalisé pour animer une conférence devant des viticulteurs clients des  Établissements Touzan, spécialistes dans le conseil et la logistique pour la protection des vignobles. L’objectif mon intervention a été d’analyser quelle peut être la valorisation du terroir dans la mondialisation du marché du vin

    Dans un premier temps la notion française de terroir viticole fut replacée dans son contexte géohistorique. L’émergence des territoires viticoles en Europe remonte en effet à la fin du Moyen-âge et aux 17ème et 18ème siècles et fut confirmée dans la 1ère moitié du 20ème siècle. Je m’appuierai principalement sur l’exemple de la construction des terroirs en Bordelais.

    Dans un deuxième temps, j’ai abordé le lien entre le concept de terroir et celui de territoire, rappelant que le terroir tel que nous nous le représentons est une invention récente. Ce fut l’occasion de raconter rapidement l’histoire de ce mot puis d’appliquer son évolution à un exemple particulièrement instructif : Pessac-Léognan. Cela permit de découvrir que le terroir est bien plus qu’un sol viticole et correspond à un espace géographique complexe, soit un territoire, celui façonné par les sociétés humaines pour porter une production reconnue de qualité.

    L’avenir des terroirs, leurs atouts concurrentiels dans un marché mondialisé constitue le cœur de la troisième partie de la présentation.  Nous constatons d’abord que ce concept se mondialise. Puis que faire vivre ces terroirs revient à assurer le bon fonctionnement du système géographique qu’il est dans son environnement à la fois économique, social, politique et environnemental. Cela revient alors à gérer la biodiversité et le changement climatique, les cycles économiques, l’ancrage « sociétal » et l’image des vins. Cela revient à assurer la coordination de tous les acteurs du territoire « producteur » qu’est un terroir. Il s’agit dès lors de la question de la gouvernance de ces terroirs qui ainsi conçu deviennent des projets de développement local. C’est sans doute à ce prix que ces terroirs continueront à produire des vins singuliers recherchés par une partie des consommateurs et plus rémunérateurs que les vins plus technologiques des imposantes usines à vin.

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  • 2007 Le XXe siècle, l’affirmation de deux mondes

    Voyage au pays du vin

    Les mondes du vin au XXe siècle : l’histoire et les lieux 

    Le XXe siècle, l’affirmation de deux mondes

     

    Jean-Claude Hinnewinkel, Professeur de Géographie, Directeur du CERVIN (Centre Vigne et  Vin), Université Michel de Montaigne – Bordeaux3

    in Voyage au pays du vin, histoire, anthologie, dictionnaire, collection Bouquins, Robert Laffont, 2007.

    Les débuts de la mondialisation viticole

    Crises et restructuration du vignoble européen

    En rayant peu à peu de la carte une grande partie du vignoble européen, le phylloxera provoqua la baisse des volumes des vins produits alors que parallèlement la consommation de vins ordinaires (le pinard !) doublait en 40 ans, atteignant 120/140 litres par an et par habitant en France à la fin du XXème siècle.

    Cette pénurie apparue entre 1880 et le début du XXème  siècle déclencha la mise en place d'une fraude colossale. La réorganisation du vignoble qui suivit se fit principalement par l’abandon des terroirs accidentés, caillouteux, arides, pauvres où pousse habituellement la vigne au profit des terres agricoles de plaines plus fertiles. L’incapacité de nombreux petits propriétaires de trouver les moyens de régénérer leur vignoble se traduisit par une première phase de concentration dans des propriétés moins nombreuses dont la taille moyenne s’accrut. En outre on utilisa des cépages hybrides à très gros rendements qui se révélèrent de piètre qualité pour le vin. Le tout provoqua une crise de surproduction colossale qui entraîna l'écroulement des prix ; le Languedoc Roussillon fut un des plus touchés avec comme point d’orgue la révolte de 1907 à Narbonne, Béziers, Perpignan, Montpellier, Carcassonne où défilèrent, par centaines de milliers, les vignerons ruinés et leurs familles.

    Ce raz de marée se termina dans le sang mais du drame devait, en partie, naître le vignoble européen contemporain avec une nouvelle structuration de la profession. A la fin du 19ème les viticulteurs sont encore mal organisés : c’est à la faveur de la crise phylloxérique, et après la loi de 1884, qu’apparurent en France les premiers syndicats de vignerons, le plus ancien reconnu étant celui de Saint-Émilion en Bordelais. Dès le début du XXème siècle, les créations syndicales se succédèrent dans toutes les régions viticoles françaises. Elles furent la conséquence directe de la législation mise en place à partir de 1905 pour lutter contre la fraude et protéger l’origine en délimitant des aires de production. Le mouvement s’accéléra surtout au lendemain de la loi de 1919 qui reconnût ces mêmes groupements de producteurs comme capables de défendre devant les tribunaux les aires d’appellation en cours de délimitation. Partout des syndicats de vignerons firent ainsi reconnaître ce qu’ils estimèrent correspondre à leur aire d’appellation répondant « aux usages locaux, loyaux et constants ».

    Dans le même temps la géographie viticole fut bouleversée. Le phylloxera avait ruiné de nombreuses régions viticoles qui perdirent la quasi totalité de leurs vignobles : ce fut le cas en France notamment de la région parisienne, de la Lorraine… Grâce au chemin de fer et aux cépages gros producteurs, les vignobles méditerranéens, italiens mais aussi le Languedoc devinrent rapidement les principaux pourvoyeurs des marchés urbains en plein expansion. Même dans les vignobles réputés pour leur qualité, l’emploi des cépages hybrides favorisa la production de vins courants sinon médiocres. Toutefois de nombreux viticulteurs réagirent en se tournant vers la qualité et ce fut la progressive mise en place des AOC entre 1911 et 1936.

    Dans les pays européens deux filières se structurèrent ainsi peu à peu : celle des vins dits de table ou vins courants, sans origine déterminée et celle des vins dits de qualité et dont la reconnaissance était fondée sur l’origine, concept désormais au cœur des débats sur l’organisation de la filière

    2007 Le XXe siècle, l’affirmation de deux mondes

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  • 2006 Les coopératives vinicoles en Aquitaine

    Les coopératives vinicoles en Aquitaine

    Du temps de la restructuration du vignoble au temps de la restructuration des entreprises.

     

    Nathalie CORADE, Maître de conférences en économie, EGERIE, ENITA de Bordeaux

    Jean-Claude Hinnewinkel, Professeur de géographie, CERVIN, Université Montaigne Bordeaux 3.

    Communication au colloque de la VDQS, Bordeaux juin 2006

    Résumé :

    Le mouvement coopératif est au cœur de l’histoire de l’organisation du secteur agricole. Prenant naissance à la fin du dix-neuvième siècle pour permettre aux agriculteurs de faire face collectivement aux crises économiques et de s’organiser face à la montée du monde industriel, les coopératives se rattachent à d’anciennes coutumes rurales d’entraide.

                    D’abord essentiellement en amont des exploitations agricoles, le mouvement s’est étendu aux activités de transformation. Les coopératives vinicoles naissent, pour la plupart, au début du vingtième siècle avec la première coopérative créée en 1901 à Maraussan  mais c'est vers les années 30 qu'elles se développent.

                    En Aquitaine la première cave coopérative a été créée en 1930 en Gironde. Cette période est le point de départ fondateur des caves coopératives, motivé par le besoin de se rassembler pour faire face à la crise que va subir la viticulture dans cette période. La mise en place du système coopératif va alors se propager à travers toute la Gironde et plus tard dans l'ensemble de la région et ce pour de nombreuses raisons :

    -              Les fondateurs des premières coopératives viticoles en ont fait une intense promotion via la presse locale, nationale mais aussi par des voyages et des conférences.

    -              Ce système d’association a  un grand intérêt financier face aux négociants de la place bordelaise.

    -              Ceci a permis aux viticulteurs de travailler moins surtout après les récoltes.

    -              Ce regroupement a permis la production d’un vin de qualité uniforme.

    -              Le viticulteur ne s’occupe pas de la vente de son vin, il n’a donc plus de soucis de commercialisation.

     

    Dès son apparition, les bases de la coopération sont fixées et adoptées : un viticulteur représente une voix et la rémunération se fait en fonction des apports, les quantités sont juste prises en compte.

     

    Plusieurs périodes vont alors jalonner l'histoire de la coopération en Aquitaine.

    L’histoire montre alors que si le mouvement prend naissance dans les années trente, l'après guerre va voir la constitution de nouvelles coopératives dont la première dans le Sud de l'Aquitaine (Bellocq). Vont alors d'années en années se créer de nouvelles coopératives  jusqu'à la dernière née en 1998 à Domme.

    Le regard historique montre que si la création des coopératives commence dans les années trente, c'est après la seconde guerre mondiale que va se constituer la géographie de la fondation des coopératives. Par rapport à la période d'avant-guerre, le problème viticole des années 50 n'était pas le même. Les coopératives  se constituent notamment dans des zones où la viticulture est moins prestigieuse, où la monoculture n'est pas la règle. Les coopératives vont alors devenir l'élément d'un doublé : elle va être le fondement d'un vignoble et être une locomotive de la constitution de l'appellation, appellation qui devait aller de pair avec la constitution d'un vignoble de qualité.

    Les coopératives ont à ce titre lourdement pesé pour transformer des vignobles en VDQS en Vignobles A.O.C, les vignobles exclus de ces zones vont être progressivement condamnés et on va assister à une densification de ces vignobles dans ces zones

    On constate alors une évolution dans les motivations de leur naissance.

    Plus de soixante ans après leur création, l’environnement économique des coopératives vinicoles a évolué. Sur le marché des vins, de nouvelles concurrences au niveau mondial voient le jour s'ajoutant ainsi aux concurrences interrégionales. Le marché dominé par des vins de très haute gamme laisse à la fois une place pour des vins plus génériques mais oblige à conduire des stratégies propres à s'assurer une place dans le jeu concurrentiel.

    Stratégies de compétitivité prix et hors prix obligent alors des investissements et/ou des restructurations que seules les unités de production les mieux organisées et les plus performantes sont à même de conduire. Dans ce contexte, les coopératives souvent de petite dimension s'interrogent sur leur pérennité et leur légitimité. Pour certaines, l'aura du viticulteur indépendant, un contexte local marqué par une forte pression foncière se traduisent par des pertes d'adhérents, de surfaces et leur non-renouvellement. Pour d'autres, leur taille ne leur permet pas d'atteindre une masse critique, suffisante pour leur permettre de réaliser les investissements nécessaires pour répondre aux conditions du marché les privant d'un accès à des marchés plus aptes à valoriser leurs produits, ni de miser sur des économies d'échelle pour développer des stratégies de compétitivité..

                    Les processus de restructuration se mettent en marche. Rapprochements de tous ordres se mettent en œuvre transformant par là même la physionomie du monde coopératif vinicole aquitain.

                    Le papier a pour objet de montrer ces évolutions au sein du tissu coopératif pour en analyser la portée sur le contenu même du principe coopératif.

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  • 2010 Entre public et privé, la difficile gouvernance des vignobles du nord de l’Aquitaine

    Entre public et privé, la difficile gouvernance des vignobles du nord de l’Aquitaine

    BOIVIN Nicolas, ATER / doctorant Université de Bordeaux, ISVV / UMR 5185 ADES / CERVIN et HINNEWINKEL J.-C., Professeur émérite, Université de Bordeaux, ISVV / UMR 5185 ADES / CERVIN 

    Résumé

    La gestion de la filière vitivinicole est un exemple souvent mis en avant de « bonne » cogestion entre les pouvoirs publics et les acteurs privés que sont les professionnels. La gestion de la profonde crise structurelle que ne finissent pas de traverser les vignobles français, en suscitant des réformes à tous les échelons, est une excellente occasion d’analyser les jeux de pouvoirs entre les différentes acteurs de la filière, bien sûr, mais aussi et tout particulièrement entre ces derniers et leur environnement politique et social. A partir de l’étude des vignobles du nord de l’Aquitaine nous constaterons une nouvelle fois la difficulté d’établir une véritable gouvernance associant tous les partenaires concernés. Pour le moment l’immobilisme l’emporte sur l’innovation organisationnelle annonciatrice des mutations profondes jugées indispensables par de nombreux experts pour permettent aux vignobles français de se maintenir dans un concert mondial en plein bouleversement.  

     

    « Summary :

    The management of the vitiviniculture sector is often mentioned as a good example of « good » joint management between public authorities and professionals as private actors. The management of the deep structural crisis that is still affecting French vineyards while inspiring new reglementations at all levels gives us a chance to analyse games of power between actors and particularly between them and their political and social environment.  The study on vineyards from the North of Aquitaine shows us again how difficult it is to establish real governance between all actors involved. Conservatism is still stronger than organisational innovation considered as a sign for important shifts that can’t be avoided regarding many experts if the French vineyards are to keep up in the middle of an evolving global concert. »

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