• 2005 Nouvelles territorialités dans le vignoble du Pays Foyen

     

    Entre distinction et précarité,

    nouvelles territorialités dans le vignoble du Pays Foyen

    Chantal Crenn, Jean-Claude Hinnewinkel in Sud-Ouest européen, tome 19, 2005,  A l'écart des métropoles, de nouvelles territorialités, (Coord. Guy Di Méo), pp. 39-48

    Le vignoble « Sainte-Foy-Bordeaux » regroupe vingt communes des confins de la Gironde au sein d’une aire d’appellation qui, pour des raisons administratives, l’isole des communes voisines du département de la Dordogne avec lesquelles elles ont formé depuis toujours le pays foyen. Analysant la nature de cet espace viticole nous cherchons à éclairer les relations entre cet espace et les hommes qui vivent de la vigne et du vin, nous montrons qu’il s’agit d’un espace d’action donc social, fruit de la patiente construction des sociétés locales dans la longue durée, d’une construction sociale que les acteurs contemporains cherchent à redynamiser pour porter au plus haut la réputation de leur région et de leurs vins. Souhaitant ne pas nous limiter aux pratiques sociales des acteurs dominants du vignoble, nous analysons ensuite les nouveaux usages des ouvriers agricoles maghrébins relégués à des fonctions épisodiques qui à leur manière construisent leur propre territorialité foyenne et participent ainsi à la régénération de l’identité du « pays foyen.

    2005 Nouvelles territorialités dans le vignoble du Pays Foyen

    Pour lire l'article https://www.persee.fr/doc/rgpso_1276-4930_2005_num_19_1_2883

     


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    Formation socio-spatiale et système d’action organisé 

     L’exemple  du vignoble des Graves en Bordelais[1]

     

    JC Hinnewinkel, professeur de Géographie, Directeur de l’UFR Géographie & Aménagement, Directeur du CERVIN, Université Bordeaux-Montaigne, 2005  

     

    Il n’est pas dans notre intention de présenter ici la FSS, outil d’analyse de la dynamique des territoires élaboré par Guy Di Méo[2], mais plus exactement d’en éprouver l’efficacité dans une démarche de géographie sociale cherchant à éclairer l’un des concepts majeurs de l’organisation comme de l’imaginaire viticole : le terroir. Le projet est donc de montrer l’outil théorique en action ; un outil que, pour les besoins de notre analyse, nous avons enrichi par certains éléments de la Sociologie des organisations.

    Il s’agit plus précisément d’évaluer en quoi cet outil permet de repérer dans le temps et d’observer dans l’espace la constitution d’un groupe territorialisé, animé par une démarche de production de qualité : celle du terroir. La prise en compte  de la longue durée  permet alors de comprendre les dynamiques spatiales en cours, fort de l’appui d’un bon diagnostic géographique, historique et économique.

    Avant d’en venir au fonctionnement de notre outil, il nous faut toutefois rapidement présenter notre objet géographique[3].

     

    1-Le vignoble des Graves en Bordelais.

    Pour un des espaces viticoles les plus réputés au Monde, le vignoble des Graves, l’analyse de l’infrastructure géo-environnementale est essentielle.

     

    1.1-Un grand terroir agronomique

    L’unité agronomique des ces terrasses graveleuses quaternaires de la Garonne reposant sur un sous-sol d’argile, de sable, d’alios (sable durci par un ciment ferrugineux), de calcaire et de faluns est incontestable. La couche de graviers et de galets roulés  dont l’épaisseur varie de quelques centimètres à plus de 3 mètres, capte parfaitement les rayons solaires et, en restituant progressivement la chaleur aux grappes favorise une bonne maturation des raisins. Les croupes modelées durant les épisodes glaciaires offrent des pentes suffisantes pour assurer un drainage naturel d’assez bonne qualité presque partout, le château d’Yquem étant l’exception qui confirme la règle avec son impressionnant réseau de drainage enterré. Les composantes agronomiques constituent ainsi une famille assez homogène de terrains viticoles même s’il est toujours possible de mettre en lumière les différences plus que les ressemblances, quand il y a volonté de scission[4]. Si un terroir devait être individualisé, c’est bien celui de Barsac et son bas plateau de calcaires à astéries qui tranche au cœur des terrasses gravelo-sableuses.

                Sur cette infrastructure physique homogène coexistent aujourd’hui trois grandes aires d’appellations (carte1), soit trois structures  socio-économiques.

     

    1.2-Trois aires d’appellation

    2005 Formation socio-spatiale et système d’action organisé

    Pour lire l'article Télécharger « 2005 Formation socio spatiale Graves JCH.pdf »


    [1] Texte paru dans l’ouvrage intitulé « L’espace social», Buléon et Di Méo dir, A. Colin, 2005

    [2] Guy Di Méo, L’Homme, la Société, l’Espace, Paris, Anthropos, 1991 puis Géographie sociale et territoires, Paris, Nathan-Université,

    [3] Jacques Maby, Le vignoble : Qu’y a-t-il de géographique dans cet objet in Objets et indicateurs géographiques, UMR Espace, Université d’Avignon – CNRS, 2003

    [4] Jacques Fanet, Les terroirs du vin, Paris, Hachette, 2001, p.158-160. L’auteur distingue ainsi Pessac-Léognan : le meilleur des graves et le Sauternais : les terrasses gravelo-sableuses. Pessac-Léognan y est présentée comme plus découpé, avec des pentes plus fortes, ce qui accentue la qualité d’un drainage que toutefois de très nombreuses propriétés furent contraintes de perfectionner. La limite naturelle serait le Gât Mort ; pourtant les hommes en décidèrent autrement… Quant au Sauternais, le terroir y serait hétérogène et tronqué et l’originalité liée au micro climat. …


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    Le Castillonnais, entre Bergerac et Saint-Emilion

    Jean-Claude Hinnewinkel, professeur de Géographie, université Bordeaux-Montaign, CERVIN, communication de clôture de « 1453, rencontres européennes pour le 500ème anniversaire de la bataille de Castillon », Pôle Universitaire de Bordeaux, Castillon, 10-20 octobre 2003, Les cahiers arts et sciences, Université Bordeaux1.

    2003 Le Castillonnais, entre Bergerac et Saint-Emilion

    2003 Le Castillonnais, entre Bergerac et Saint-Emilion

     

    Pour lire la suite Télécharger « 2004 Le Castillonnais.pdf »


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  • 2004 Du terroir au territoire

     

    Du terroir au territoire : le sens politique et social de la fragmentation géographique des vignobles

     From « terroir » to territory : wine geographical division can be political and social as well

    Communication présentée par Jean-Claude Hinnewinkel  et Hélène Vélasco à la journée « géographie sociale » organisée par G. Di Méo pour l’Association des Géographes français, Paris, juillet 2003, BAGF, 2-2004, juin  

    Résumé : A partir de l’exemple bordelais logiques de fragmentation des vignobles apparaissent beaucoup plus relever du domaine social que de celui de l’environnement naturel. Les terroirs de production des vins de qualité sont plus souvent délimités en fonction de l’organisation des producteurs que suivant les injonctions des données pédologiques pourtant largement mises en avant. Cela tient largement aux conditions qui ont présidées à la mise en place des zones d’appellation d’origine contrôlée. Mais, aujourd’hui encore, dans un vignoble en pleine mutation comme celui de Cahors, le primat du naturel sur le social paraît bien être un argument « scientifique » qui masque des choix politiques et sociaux

     The exemple of Bordeaux region shows that the mechanism of wine geographical division seems more to be linked to social than natural aspects. The division between “terroirs” of quality wine production depends more often on the wine grower organisation than on soil criteria that are still largely put forward. It can largely be explained with the  setting up conditions of appellation areas. In a very changing wine area such as the Cahors region, natural aspect still prevail on social aspects, which appears like a “scientific” explanation that hides political and social decisions

     Mots clés : vignoble, terroir, territoire, fragmentation, organisation, Bordeaux, Cahors

    Vineyard, « terroir », territory, division, organisation, Bordeaux, Cahors

    2004 Du terroir au territoire

     

             Le terroir, dans son sens le plus large, soit un espace de production géré par un groupement de producteurs, est un concept français aujourd’hui largement adopté par la plupart des pays agricoles européens. Il est l’un des fondements des Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) et une alternative à l’agriculture industrielle. Répondant à cette logique de terroir, les grands vignobles français se distinguent de la plupart de leurs homologues  étrangers par une formidable fragmentation géographique avec, au sein de chaque vignoble, une multitude d’appellations. On en relève une centaine en Bourgogne pour quelques 30 000 ha de vignes et encore 52 en Bordelais pour près de 120 000 ha de vignes il est vrai. Hors de notre pays, seule l’Italie, avec la Toscane offre une fragmentation comparable.

                Pour expliquer ce phénomène, il est généralement fait appel au terroir, alors pris dans son sens agronomique soit une unité naturelle élémentaire homogène produisant un vin spécifique. La diversité des terroirs justifie la diversité des appellations qui toutes produiraient des vins non reproductibles.

    Ce rapport entre terroir et typicité, deux termes aux définitions peu explicitées et au combien subjectives et qui aujourd’hui apparaissent comme « aller de soi », cache les processus de la construction, du développement et de l’engouement contemporain pour ces deux notions. En effet, terroir et typicité n’ont de sens que dans un contexte culturel et idéologique particulier. Ils ne sont l’un et l’autre (et les rapports intimes entre les deux) que l’aboutissement de processus de constructions sociales et politiques inscrites dans le temps et possédant de ce fait une histoire. Notre propos, plus que mesurer l’adéquation entre terroir et typicité, est de souligner  le poids des organisations sociales dans la construction puis la durabilité des terroirs. Nous nous attacherons donc surtout à analyser les processus de construction de la notion de terroir (celle de typicité émergeant par ricochet en quelque sorte). Pour cela nos terrains d’expérimentation seront le vignoble bordelais et le vignoble cadurcien. La pertinence de ce choix réside dans le fait que le premier est un vignoble reconnu institutionnellement et dont la légitimité ne fait pas de doutes et que le second est un vignoble en construction qui aujourd’hui, s’invente des origines et cherche des terroirs légitimes.

     

     

    Pour lire l'article paru au BAGF : https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_2004_num_81_2_2384 


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  • 2002 La culture de la vigne en Aquitaine,

    La culture de la vigne en Aquitaine, mythes et réalités, 

    Hinnewinkel Jean-Claude, Maître de conférences de Géographie, UFR Géographie et aménagement, CERVIN / INTERMET, Université M.de Montaigne Bordeaux3

    Communication présentée au colloque "L'identité aquitaine" du Centre Aquitain d’Histoire Moderne et Contemporaine, Université M.de Montaigne Bordeaux3, organisé à la MSHAquitaine en déc.2002 et publié en hommage à Josette Pontet en 2003

     Première région française productrice de VQPRD (Vin de Qualité Produit dans des Régions Délimitées) avec environ 145 000 ha de vignes, 12 000 viticulteurs  pour une production moyenne annuelle de 8.8 millions hl, l’Aquitaine fournit un peu plus de 30% de la production française.

    Dans quelle mesure ces vignobles participent-ils à la construction d’un territoire aquitain ? L’Aquitaine dans son ensemble peut-elle être qualifiée de terre vitivinicole plus que toute autre région occitane ?

    Essayer de répondre à ce questionnement, c’est notamment rechercher dans quelle mesure la vigne et le vin sont des facteurs de construction identitaire et territoriale dans la région. Pour ce faire nous retiendrons comme définition du territoire vitivinicole, un espace associant une infrastructure géographique, historique et économique bien marquée par la vigne et le vin soutenue par une superstructure idéologique et politique ayant fortement recours aux caractéristiques culturelles de la civilisation vinicole.

     1- La vigne, une caractéristique de l’Aquitaine

    Comme toutes les régions de la France méridionale, et tout particulièrement de l’Occitanie, l’Aquitaine apparaît comme un pays de vigne et de vin. C’est une région où le vin a été et demeure souvent la boisson quotidienne. C’est aussi et peut-être surtout l’une des régions du Monde où les grands crus sont les plus nombreux et des plus renommés.

    En effet il y a peu de régions sans vigne en Aquitaine où la vigne est présente dans la majorité des espaces communaux à l’exception du littoral avec la forêt girondine entre l’étang d’Hourtin et le bassin d’Arcachon mais aussi les Grandes landes boisées de Saint-Symphorien, Sore et Captieux. Au nord-est, le rebord du Limousin vers Jumilhac-le-Grand et Lanouaille tout comme au sud la côte basque et la montagne béarnaise échappent également à l’emprise viticole(carte 1).

     

    2002 La culture de la vigne en Aquitaine, mythes et réalités

    Pour lire la suite Télécharger « 2002 vigne en Aquitaine réduit.pdf »


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