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    2009 La construction du terroir  ou la nécessité d’un leader

    La construction du terroir

    ou la nécessité d’un leader

     

    Jean-Claude Hinnewinkel, professeur émérite de Géographie, ADES (Aménagement, Développement, Environnement, Santé)- UMR CNRS 5185, Université Michel de Montaigne-Bordeaux3, et CERVIN 

    Cet article est le conclusion de la seconde partie de Vignobles et vins d’Aquitaine, images et identités d’hier à aujourd’hui, JC Hinnewinkel et S. Lavaud (dir.), Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Bordeaux, 2009, 392 p

    L’ensemble des contributions corrobore la première partie de l’ouvrage en soulignant combien les territoires viticoles aquitains apparaissent comme des constructions sociales complexes, dans le temps long. Il souligne aussi combien ces territoires sont générateurs d’une identité forte et porteuse, mais suffisamment malléable pour s’adapter aux aléas et mutations du marché. Ces constructions territoriales sont fortement dépendantes de conditions « géopolitiques » internationales et régionales avec, comme constante, la nécessité d’un échelon organisateur intermédiaire entre le local soit le terroir et le global soit le marché mondial. Ce fut longtemps l’ensemble du bassin aquitain structuré par le pôle de Bordeaux, rappelant ainsi que tout territoire du vin est organisé autour d’un « noyau d’élite »

    La construction du terroir : la nécessité d’un pôle organisateur

    Nous avons développé par ailleurs le rôle essentiel des « noyaux d’élites » dans la structuration des vignobles et de leurs terroirs[2]. Organisé lui-même aujourd’hui autour de trois pôles (carte 1), le vignoble bordelais fut très tôt un centre structurant pour toute la viticulture du bassin de la Garonne et de la Dordogne, concentrant les activités exportatrices vers l’Angleterre dans un premier temps, vers l’Europe du Nord puis le Monde dans les phases de développement ultérieures. Ainsi le bassin de production du « bordeaux » était structuré par les rivières avec son cœur permanent, le négoce bordelais, et des périphéries qui se cherchent perdura jusqu’au début du XXe siècle. Ainsi en est-il de l’Agenais qui, selon Sandrine Lavaud (chapitre 1) est demeuré enfermé dans un système normatif et juridique : « Diluée, mouvante et fragile, l’identité viticole de l’Agenais, à l’égal de celle de bien des régions du Haut Pays, a été trop contrainte pour pleinement s’épanouir et s’affirmer. Si le Moyen Âge en a fixé les principaux traits, les époques postérieures n’ont pas su les faire véritablement évoluer ; demeurés les victimes des privilèges de Bordeaux, les vignobles agenais n’ont pas réussi à s’en affranchir, tout en restant fascinés par ce modèle qu’ils rêvaient d’intégrer. Encore en 1911, lors de la délimitation régionale des aires d’appellation, l’Agenais a revendiqué, sans succès, son intégration à la zone Bordeaux ; occasion ratée de revanche sur l’histoire mais aussi aveu d’un mal d’identité ».

    2009 La construction du terroir  ou la nécessité d’un leader

    Les terroirs du Bordelais aujourd’hui : une structuration autour de trois noyaux d'élites

    Pour lire la suite Télécharger « 2009 La construction du terroir ou la nécessité d'un leader.pdf »


    [1] Conclusion de la seconde partie de Vignobles et vins d’Aquitaine, images et identités d’hier à aujourd’hui, JC Hinnewinkel et S. Lavaud (dir.), Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Bordeaux, 2009, 392 p.

    [2] Voir Première partie de Vignobles et vins d’Aquitaine, images et identités d’hier à aujourd’hui, JC Hinnewinkel et S. Lavaud (dir.), Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Bordeaux, 2009, 392 p.…


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  • 2009 La construction des terroirs aquitains aux XIXe et XXe siècles

     

    La construction des terroirs aquitains aux XIXe et XXe siècles

    Jean-Claude Hinnewinkel, professeur émérite de Géographie, ADES (Aménagement, Développement, Environnement, Santé)- UMR CNRS 5185, Université Michel de Montaigne-Bordeaux3, et CERVIN

    Texte constituant le chapitre 2 de Vignobles et vins d’Aquitaine, images et identités d’hier à aujourd’hui, JC Hinnewinkel et S. Lavaud (dir.), Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Bordeaux, 2009, 392 p. 

    1 – Aux sources des terroirs

    L’émergence des terroirs est le fruit de cette longue histoire qui depuis le Moyen-Âge conduit à une certaine spécialisation de vignobles entiers dans une gamme de produits bien spécifiques. Il s’en suit une fragmentation de plus en plus poussée du bassin d’approvisionnement de Bordeaux, la première repérable correspondant à l’application des privilèges autour de toutes les petites villes du bassin en capacité de charger les vins de leur arrière-pays pour les acheminer par voie fluviale vers Bordeaux.

    2009 La construction des terroirs aquitains aux XIXe et XXe siècles

    La vigne en Aquitaine au seuil du 20e siècle

    Des fragmentations initiales juridiques

    Les privilèges de Bordeaux n’en sont que l’exemple le plus connu en instaurant au fil des siècles des mesures discriminatoires contre les vins du Haut Pays. Celles-ci ne se limitèrent pas à l’opposition « Haut Pays – Sénéchaussée privilégiée ». Entre ces deux entités fut en effet institué un pays dit de « la nouvelle conquête », comprenant les vignobles actuels de l’est de l’Entre-deux-Mers, du pays foyen et des Côtes de Castillon en Gironde, mais aussi les vignobles de Duras et de Montravel, avec des avantages fiscaux et la possibilité de faire descendre leurs vins vers le port de Bordeaux à partir de la Saint-Martin, soit le 11 novembre. Ils gagnaient ainsi près d’un mois et demi sur leurs rivaux plus taxés du Haut Pays [2]. Ce système de protection d’une zone directe d’influence autour de Bordeaux, port d’embarquement pour l’Angleterre, les historiens le retrouvent, grâce aux archives, autour de toutes les cités du bassin en capacité de regrouper les vins de leur arrière-pays pour les expédier à Bordeaux, soit toutes celles qui sont implantées sur les rives de la Garonne, de la Dordogne, du Lot, du Tarn et de leurs affluents.

    Cette fragmentation initiale fut accrue à partir du XVIe siècle par à une première diversification de la demande.

    Pour lire la suite Télécharger « 2009 La construction des terroirs aquitains aux XIXe et XXe siècles.pdf »


    [1] Texte constituant le chapitre 2 de Vignobles et vins d’Aquitaine, images et identités d’hier à aujourd’hui, JC Hinnewinkel et S. Lavaud (dir.), Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Bordeaux, 2009, 392 p.

    [2] Bernard Larrieu, Vins d’Entre-deux-mers et privilèges des vins de Bordeaux au XVIIIe  siècle, in L’Entre-deux-mers à la recherche de son identité, Actes du Premier Colloque tenu en Pays de Branne, AHPB et CLEM, 1988, p.175-197


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  • 2005 Nouvelles territorialités dans le vignoble du Pays Foyen

     

    Entre distinction et précarité,

    nouvelles territorialités dans le vignoble du Pays Foyen

    Chantal Crenn, Jean-Claude Hinnewinkel in Sud-Ouest européen, tome 19, 2005,  A l'écart des métropoles, de nouvelles territorialités, (Coord. Guy Di Méo), pp. 39-48

    Le vignoble « Sainte-Foy-Bordeaux » regroupe vingt communes des confins de la Gironde au sein d’une aire d’appellation qui, pour des raisons administratives, l’isole des communes voisines du département de la Dordogne avec lesquelles elles ont formé depuis toujours le pays foyen. Analysant la nature de cet espace viticole nous cherchons à éclairer les relations entre cet espace et les hommes qui vivent de la vigne et du vin, nous montrons qu’il s’agit d’un espace d’action donc social, fruit de la patiente construction des sociétés locales dans la longue durée, d’une construction sociale que les acteurs contemporains cherchent à redynamiser pour porter au plus haut la réputation de leur région et de leurs vins. Souhaitant ne pas nous limiter aux pratiques sociales des acteurs dominants du vignoble, nous analysons ensuite les nouveaux usages des ouvriers agricoles maghrébins relégués à des fonctions épisodiques qui à leur manière construisent leur propre territorialité foyenne et participent ainsi à la régénération de l’identité du « pays foyen.

    2005 Nouvelles territorialités dans le vignoble du Pays Foyen

    Pour lire l'article https://www.persee.fr/doc/rgpso_1276-4930_2005_num_19_1_2883

     


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    Formation socio-spatiale et système d’action organisé 

     L’exemple  du vignoble des Graves en Bordelais[1]

     

    JC Hinnewinkel, professeur de Géographie, Directeur de l’UFR Géographie & Aménagement, Directeur du CERVIN, Université Bordeaux-Montaigne, 2005  

     

    Il n’est pas dans notre intention de présenter ici la FSS, outil d’analyse de la dynamique des territoires élaboré par Guy Di Méo[2], mais plus exactement d’en éprouver l’efficacité dans une démarche de géographie sociale cherchant à éclairer l’un des concepts majeurs de l’organisation comme de l’imaginaire viticole : le terroir. Le projet est donc de montrer l’outil théorique en action ; un outil que, pour les besoins de notre analyse, nous avons enrichi par certains éléments de la Sociologie des organisations.

    Il s’agit plus précisément d’évaluer en quoi cet outil permet de repérer dans le temps et d’observer dans l’espace la constitution d’un groupe territorialisé, animé par une démarche de production de qualité : celle du terroir. La prise en compte  de la longue durée  permet alors de comprendre les dynamiques spatiales en cours, fort de l’appui d’un bon diagnostic géographique, historique et économique.

    Avant d’en venir au fonctionnement de notre outil, il nous faut toutefois rapidement présenter notre objet géographique[3].

     

    1-Le vignoble des Graves en Bordelais.

    Pour un des espaces viticoles les plus réputés au Monde, le vignoble des Graves, l’analyse de l’infrastructure géo-environnementale est essentielle.

     

    1.1-Un grand terroir agronomique

    L’unité agronomique des ces terrasses graveleuses quaternaires de la Garonne reposant sur un sous-sol d’argile, de sable, d’alios (sable durci par un ciment ferrugineux), de calcaire et de faluns est incontestable. La couche de graviers et de galets roulés  dont l’épaisseur varie de quelques centimètres à plus de 3 mètres, capte parfaitement les rayons solaires et, en restituant progressivement la chaleur aux grappes favorise une bonne maturation des raisins. Les croupes modelées durant les épisodes glaciaires offrent des pentes suffisantes pour assurer un drainage naturel d’assez bonne qualité presque partout, le château d’Yquem étant l’exception qui confirme la règle avec son impressionnant réseau de drainage enterré. Les composantes agronomiques constituent ainsi une famille assez homogène de terrains viticoles même s’il est toujours possible de mettre en lumière les différences plus que les ressemblances, quand il y a volonté de scission[4]. Si un terroir devait être individualisé, c’est bien celui de Barsac et son bas plateau de calcaires à astéries qui tranche au cœur des terrasses gravelo-sableuses.

                Sur cette infrastructure physique homogène coexistent aujourd’hui trois grandes aires d’appellations (carte1), soit trois structures  socio-économiques.

     

    1.2-Trois aires d’appellation

    2005 Formation socio-spatiale et système d’action organisé

    Pour lire l'article Télécharger « 2005 Formation socio spatiale Graves JCH.pdf »


    [1] Texte paru dans l’ouvrage intitulé « L’espace social», Buléon et Di Méo dir, A. Colin, 2005

    [2] Guy Di Méo, L’Homme, la Société, l’Espace, Paris, Anthropos, 1991 puis Géographie sociale et territoires, Paris, Nathan-Université,

    [3] Jacques Maby, Le vignoble : Qu’y a-t-il de géographique dans cet objet in Objets et indicateurs géographiques, UMR Espace, Université d’Avignon – CNRS, 2003

    [4] Jacques Fanet, Les terroirs du vin, Paris, Hachette, 2001, p.158-160. L’auteur distingue ainsi Pessac-Léognan : le meilleur des graves et le Sauternais : les terrasses gravelo-sableuses. Pessac-Léognan y est présentée comme plus découpé, avec des pentes plus fortes, ce qui accentue la qualité d’un drainage que toutefois de très nombreuses propriétés furent contraintes de perfectionner. La limite naturelle serait le Gât Mort ; pourtant les hommes en décidèrent autrement… Quant au Sauternais, le terroir y serait hétérogène et tronqué et l’originalité liée au micro climat. …


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    Le Castillonnais, entre Bergerac et Saint-Emilion

    Jean-Claude Hinnewinkel, professeur de Géographie, université Bordeaux-Montaign, CERVIN, communication de clôture de « 1453, rencontres européennes pour le 500ème anniversaire de la bataille de Castillon », Pôle Universitaire de Bordeaux, Castillon, 10-20 octobre 2003, Les cahiers arts et sciences, Université Bordeaux1.

    2003 Le Castillonnais, entre Bergerac et Saint-Emilion

    2003 Le Castillonnais, entre Bergerac et Saint-Emilion

     

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