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THE SOCIAL CONSTRUCTION OF WINE-GROWING AREAS :
THE « GRAVES DE BORDEAUX »
Jean-Claude HINNEWINKEL
CERVIN /Université Michel de Montaigne – Bordeaux3 – 33607 PESSAC Cedex
Mots-clés : terroir, AOC, organisation, structure, histoire.
Keywords : terroir, AOC, organization, structure, history.
Résumé
« Graves de Bordeaux » est une des rares appellations à porter le nom d’un terroir, au sens agronomique du terme. Et ce territoire vitivinicole présente une relative unité géographique, de Langon à Bordeaux sur la rive gauche de la Garonne. Pourtant l’histoire et les hommes ont finement mis en valeur les nuances du milieu géographique pour que la variété des organisations sociales se traduise par des territoires variés avec, coupant l’appellation Graves en deux, l’affirmation du Sauternais et, au sein même de l’aire d’appellation, l’individualisation des Graves de Pessac-Léognan, sans oublier les appellations Barsac et Cérons.
« Graves de Bordeaux » is one of the few wine appellations that has the name of the soil where it grows. The wine growing area is relatively unified from Langon to Bordeaux on the left bank of the Garonne. Nevertheless the geographical differences have been well exploited along the history so that the diversity of social organizations could be related to different wine areas such as the Sauternais appellation that separates the Graves region in two parts. The Pessac-Léognan appellation is as well located inside the Graves appellation area and last but not least the Barsac and Cerons appellations.
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Jean-Claude Hinnewinkel, agrégé de Géographie, MCF Université M de Montaigne Bordeaux3, CERVIN
Communication au colloque " Le devenir de l'agriculture et des espaces ruraux", Châteauroux les 7 et 8 septembre 2001 et publié dans
La culture de la vigne, longtemps consommatrice de main d’œuvre a été par excellence la culture « peuplante » des campagnes occidentales. Au cours des dernières décennies, et après la plupart des autres activités agricoles, la viticulture a connu à son tour une restructuration profonde avec contraction des espaces viticoles, concentration des exploitations et érosion assez sensible des actifs agricoles, ainsi que le soulignent les premiers résultats disponibles du RGA 2000. Au delà du constat global[1], les évolutions sont contrastées suivant les régions mais aussi à l’intérieur de celles-ci, ce que précisera notre première partie.
Les dynamiques souvent divergentes s’y traduisent par des effets induits, positifs ou négatifs selon les espaces concernés, ce qui introduit une diversité de plus en plus grande à l’intérieur des campagnes viticoles. Certains paraissent accumuler les aménités : nous essayerons ainsi d’ analyser les modalités des dynamiques de campagnes attractives et vivantes dans notre seconde partie. D’autres nous paraissent au contraire menacées comme nous le verrons dans la troisième partie[2].
Le vignoble français : restructuration et contraction spatiale
La place des campagnes viticoles dans l’ensemble français doit, dans une première phase, être appréciée en utilisant les premières données disponibles du RGA2000. Si l’on prend en compte l’ensemble des exploitations recensées et ayant déclaré des « vignes à raisin de cuve », la comparaison avec le RGA1988 souligne l’effondrement du nombre des exploitations mettant en valeur des vignes pour la production de vins ou d’alcool alors même que les surfaces subissent une érosion assez faible.
Toutefois la place de la vigne dans le paysage agricole se rétracte, moins toutefois que celle des exploitations « avec vigne » dans l’ensemble des exploitations agricoles. La reconversion des vignobles de vins de consommation courante vers une viticulture de plus grande qualité s’est traduite une forte diminution des surfaces en vignes dans un tiers des départements encore « viticoles » en 1988 (carte 1c) alors qu’un tiers seulement ont connu une augmentation, le plus souvent légère. La viticulture est de plus en plus l’apanage de quelques départements où dominent les surfaces en VQPRD[3].
Moins nombreuses les exploitations sont désormais plus grandes par suite du relatif maintien des surfaces cultivées : leur surface moyenne en vigne passe de 5,5 hectares en 1988 à 8 hectares en 2000. La baisse du nombre d’exploitations et donc des emplois de chefs d’exploitation, est compensé par un travail salarié qui au contraire se développe : 52 000 salariés permanents en 2000, soit 6 % de plus qu'en 1988. La part des exploitations utilisant ces permanents passe de même de 12 % en 1988 à 18 % aujourd’hui. L’activité des salariés saisonniers est également en légère progression, malgré l'essor de la mécanisation des vendanges. Elle touche 61 % des surfaces en 2000 contre 38 % en 1988[4]. Le travail effectué par des entreprises de travaux agricoles fait plus que doubler en douze ans. Il ne représente cependant que 1 % de l’ensemble du travail accompli dans les exploitations.
Ce constat global sommaire masque en réalité des dynamiques territoriales contrastées : En dehors de départements comme le Doubs ou la Moselle où les progression spectaculaires correspondent à des évolutions très faibles en valeur absolue, les progressions les plus spectaculaires (plus de 25%) concernent des départements du centre de la France qui sont dynamisés par de petits vignobles « VQPRD» revigorés par la mode des produits du terroir comme ceux de Quincy, Reuilly ou Menetou-Salon dans le Cher, de Saint-Pourçain-sur-Sioule dans l’Allier…
Moins spectaculaires en pourcentage (moins de 25%) mais autrement significatives en surface, sont les progressions des grands vignobles, Anjou-Touraine, Alsace , Bourgogne, Champagne, Côtes du Rhône méridionales et Bordelais. Avec plus 12 000 hectares de vignes, la Gironde « consomme » à elle seule plus du tiers de l’augmentation de surface de l’ensemble des VQPRD.
Les surfaces en vignes diminuent au contraire dans tous les départements où la viticulture s’est contractée sur des petits vignobles ayant réussi leur reconversion qualitative. Ainsi en est-il de tous les autres départements aquitains, Dordogne comprise, de la Région Midi-Pyrénées, à l’exception du Gers. Les surfaces déclinent assez fortement en Charentes où la crise du Cognac entraîne également une reconversion partielle vers les vins de pays. Elles s’effondrent en Languedoc-Roussillon où les vignes d’appellation résistent bien et où progressent les vins de pays de cépage.
Ainsi, malgré une échelle d’analyse (celle du département) pas toujours adaptée mais rendue provisoirement incontournable pour des raisons de sources statistiques, les campagnes viticoles françaises apparaissent animées par des dynamiques divergentes, avec campagnes viticoles en essor et campagnes viticoles, sinon toujours en déclin, du moins en stagnation.
[1] Site Internet du Scees : agreste.agriculture.gouv.fr, Résultats du recensement viticole de l'année 2000, Des viticulteurs moins nombreux mais plus spécialisés, consulté le 5.11.2001
[2] Notre projet initial était une analyse de l’ensemble des campagnes viticoles françaises à partir des données cantonales du RGA2000. Celles-ci n’étant pas disponibles au moment de la rédaction de ce texte, j’ai du me satisfaire des résultats départementaux disponibles sur Internet et me limiter, pour les analyses plus approfondies de situations locales, au territoire de l’Aquitaine pour lequel nous disposons d’informations postérieures au recensement de 1988. Seules quelques pistes ouvrent notre réflexion sur les autres espaces viticoles français.
[3] VQPRD : vin de qualité produit dans une région de qualité
[4] Site Internet du Scees, ibid.
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Article de Jean-Claude Hinnewinkel, agrégé de Géographie, MCF université Bordeaux3, CERVIN-INTERMET
Publication dans
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L'histoire de l'œnologie bordelaise présentée ici se veut une contextualisation des entretiens "mémoires" réalisés par le CERVIN dans le cadre d’un projet pluridisciplinaire intitulé : La qualité des vins de Bordeaux, ses acteurs et ses marqueurs : la formation de « l’École Bordelaise », porté par l’ISVV (Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, 210 chemin de Leysotte, 33 882 Villenave d’Ornon) et soutenu par la Région Aquitaine. Piloté par Hélène Velasco, professeure de géographie, dans le cadre de l’unité ADESS, UMR 5185, il associe aux chercheurs en sciences humaines de cette dernière unité, ceux du Cervin (Centre d’études et de recherches sur le vin, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine), ceux en œnologie de l’UMR 1219 Œnologie, Université de Bordeaux, et ceux en écophysiologie et ampélographie de l’UMR 1287 EGFV - Écophysiologie et génomique fonctionnelle de la vigne, INRA Bordeaux.
La collecte de la mémoire de l’Ecole d’œnologie bordelaise a démarrée dans ce cadre et a donné lieu à six entretiens d'enseignants de l'Institut d'œnologie de Bordeaux que vous trouverez ci-après par ordre chronologique d'entrée à l'Institut. Nous avons pu enregistrer : Pascal Ribereau-Gayon, Gérard Seguin, Jean-Noël Boidron, Alain Bertrand, Aline Lonvaud et Denis Dubourdieu.
L'histoire de l'œnologie bordelaise contée par le Cervin comporte deux parties, toutes deux extraites de Les vins de Bordeaux, Les itinéraires de la qualité, ISVV Bordeaux-Aquitaine, Vignes et Vins publications internationales, Bordeaux, 2015.
La première partie, « Des pratiques empiriques aux pratiques scientifiques » de Jean Michel Chevet (historien) et de Jean-Claude Hinnewinkel (géo historien) retracent l’évolution des pratiques vitivinicoles marquée par le passage de l’empirisme exclusif jusqu’au XVIIIe siècle aux interactions de plus en plus fréquentes entre pratiques et recherches scientifiques à partir de la Révolution française. La qualité des vins de Bordeaux dépendantes jusqu’à cette période des tâtonnements des vignerons est de nos jours étroitement liée aux résultats des recherches agronomiques et œnologiques qui sont devenues des disciplines clés de la qualité des vins de Bordeaux.
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Dans la seconde « Qualité des vins et diffusion des savoirs », Jean-Claude Hinnewinkel (géo historien) y montrele passage d’une culture de tradition à une culture scientifique. Avant le milieu du XIXème siècle, la transmission orale est le principal vecteur de la tradition vitivinicole. A partir de ce siècle, l’essor de l’école et de l’écrit puis la montée des organisations professionnelles prennent peu à peu le relais de la tradition et assure une diffusion toujours plus efficace des innovations issues de la recherche scientifique, agronomique dans un premier temps puis œnologique au XXe siècle.
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Jean-Claude Hinnewinkel, Professeur agrégé de Géographie, MCF Université de Bordeaux 3, Intermet/CERVIN
Article paru dans Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud-Ouest Européen Année 2001 12 pp. 9-20
Fait partie d'un numéro thématique : Autoroute et recompositions territoriales (Coordonné par Guy Di Meo)
Entre Périgueux et la frontière girondine, la moyenne vallée de l’Isle est un axe majeur du département de la Dordogne. Longtemps animée par une activité manufacturière assez intense, elle a subi de plein fouet la crise de l’industrie des articles chaussants. Dans ces conditions les perspectives offertes par la construction de la liaison autoroutière Bordeaux – Clermont-Ferrand redonnèrent espoir à de nombreux acteurs, économiques ou autres.
C’est pendant l’été 2001que le premier tronçon de l’A 89 a été ouvert entre Arveyres (près de Libourne) et Mussidan (Sourzac plus précisément), aux portes de Périgueux. Comment cet événement majeur dans l’aménagement du territoire a-t-il été mobilisé pour redonner sa chance à la vallée ? Quelles ont été les conséquences de cette nouvelle donne dans la « petite fabrique des territoires » initiée par les lois successives d’aménagement et de développement territorial ? quels changements cet événement a-t-il induits ?
Le premier effet sensible de la construction de l’autoroute A89 dans la moyenne vallée de l’Isle fut apparemment l’arrivée des bulldozers dans le secteur de Montpon à la fin de l’été 1997: « La trêve estivale dans les travaux routiers, traditionnels dans notre cité, a été brutalement rompue début septembre par le lancement massif du chantier de l’autoroute A89 sur la section Coutras – Montpon ». Il s’agissait de la première mention de l’A89 dans le journal municipal de cette ville, depuis l’annonce de l’Enquête préalable à la déclaration d’utilité publique en 1994. Furent alors seulement évoquées les contraintes en terme de circulation. Il faudra attendre janvier 1999 pour que l’on en reparle à propos de la bretelle d’accès et puis ce sera tout [1]. Cet état de fait est assez révélateur du faible impact de l’annonce de cet événement majeur pour l’aménagement du territoire.
Quelle est alors la perception de la situation de la moyenne vallée de l’Isle par les acteurs ? Quels furent les effets positifs ou négatifs de l’arrivée de l’autoroute ? Que proposent les acteurs pour transformer « l’opportunité A89 » en réalité? Quels changements sont perceptibles dans les procédures de gestion territoriale ? Dans quelle mesure l’A89 constitue un évènement déclencheur de dynamiques territoriales ?
C’est ce que nous proposons successivement d’analyser ici à partir d’entretiens conduits à l’automne 2000, sur la base d’un dossier de presse, mais aussi à travers les diagnostics commandés à cette occasion par les élus. Tout autant que le point de vue des experts, ces documents ne reflètent-ils pas celui des « personnes ressources » consultées pour les établir ?
[1] K. Foussette, revue de presse réalisée eu printemps 2000
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