• 1997 Les vignobles de rive droite de la Garonne

    Terroirs viticoles et appellations :

    Historique et actualités dans les vignobles de rive droite de la Garonne

     

     

      Jean-Claude HINNEWINKEL, Porfesseur agrégé de Géographie, Université Bordeaux 3 et CERVIN

     Mots clés : Gironde, Garonne, appellation, terroirs, vins blancs.

     


    Loupiac, Sainte-Croix-du-Mont, Cadillac etc., les coteaux de rive droite de la Garonne entre Saint-Macaire au Sud et Langoiran au Nord ont depuis des lustres assis leur prospérité sur la renommée de leurs vins blancs liquoreux. Ce phénomène s’est amplifié dans l’entre-deux-guerres avec la vogue des vins blancs doux et la reconnaissance de cette spécificité dans les appellations d’origine contrôlée.

    Comme les terrasses graveleuses du Sauternais et de la rive gauche de la Garonne, les coteaux de rive droite deviennent alors et jusque dans les années 1970 le domaine de prédilection des cépages sémillon, sauvignon et plus accessoirement muscadelle. Le premier à débourrement moyen et à maturation tardive paraît aussi bien adapté aux sols gravelo-argileux qui dominent dans la région, qu’à la production des vins liquoreux ou moelleux et constituent alors la base de l’encépagement régional.

     

    La crise des vins blancs en général, celle des vins blancs doux plus particulièrement, s’est traduite au cours des deux dernières décennies par une forte progression des malbecs, merlots et autres cabernets. La progression de ces cépages rouges est partout manifeste.

     

    Pourtant Loupiac et Sainte-Croix-du-Mont résistent assez bien même si les prix sont loin d’atteindre ceux des sauternes. La production annuelle en tout cas se maintient. Les Premières Côtes de Bordeaux connaissent des sursauts, certes bien éphémères pour les producteurs, mais demeurent à un prix comparable à celui des vins rouges de même appellation. Par contre d’autres appellations demeurent confidentielles telles les Côtes de Bordeaux-Saint-Macaire ou le Haut-Benauge (fig. 1).

    1997 Les vignobles de rive droite de la Garonne

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  • La fin d’une longue histoire ?

     JC Hinnewinkel, Professeur émérite de Géographie Université de Bordeaux, CERVIN

    Communication au  «treizième colloque du CLEM - La Bastide et Lormont », Bordeaux, 2011

    A n’en pas douter l’histoire de la vigne et du vin de la Porte de l’Entre-deux-Mers remontent au début du vignoble bordelais avec l’implantation de villae le long des « côtes » de rive droite de la Garonne, même si aucune trace n’a à ce jour permis de le confirmer. L’existence à Floirac d’une de celle-ci appartenant à l’évêque bordelais Bertechramus au VIIe siècle renforce cette hypothèse. Il y avait bien sur les versants ensoleillés de ces paroisses de rive droite des noyaux viticoles, sans doute d’origine aristocratique et ecclésiastiques qui servirent de support à l’extension du vignoble lors du renouveau économique du XIIe siècle.[1]

    L’essor des palus à la fin du Moyen Âge

    Au XIIe siècle le vignoble bordelais était pour l’essentiel urbain et suburbain avec en rive droite, face à la ville, les vignobles des coteaux de Floirac, Cenon, Lormont et Bassens. Au  XVe siècle, « le vignoble a aussi conquis une partie des palus et s’étend donc jusqu’au fleuve. Ces palus ont nécessité des efforts de drainage et d’assainissement mais elles produisent des vins forts à haut rendement. Si les bourrelets alluviaux ont été les premiers mis en valeur, les abords de la dépression ont déjà, à la fin du Moyen Âge, une vocation viticole… sur l’autre rive du fleuve, le vignoble s’est imposé  dans la palu des Queyries jusqu’aux coteaux de Cenon et de Lormont »[2].

    2011 Vignes et vins de la Porte de l’Entre-deux-Mers (Bordeaux)

     

     

    [1] G. Aubin, S. Lavaud et Ph. Roudié, Bordeaux, vignoble millénaire, L’horizon chimérique, Bordeaux, 1996, p.15

    [2] Sandrine Lavaud, Bordeaux et le vin au Moyen Âge, essor d’une civilisation, Editions Sud-Ouest, 2003, p. 13-19

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  • 2011 Vignes et vins de la Porte de l’Entre-deux-Mers La fin d’une longue histoire ?

    Corade Nathalie

    Hinnewinkel Jean-Claude

    Velasco-Graciet Hélène

    Univ. Bordeaux, ADES, UMR 5185, CNRS, ADES, UMR 5185, F-33600 Pessac, France

     

    Résumé : On assiste depuis quelques années à une crise de certaines appellations viticoles. Analysée comme une défaillance des marchés, cette crise est  plus profonde et peut-être plus identitaire. Sur la base de l’étude de quatre appellations viticoles du Nord de l’Aquitaine (Bordeaux-Bordeaux supérieur, Bergerac, Pécharmant et Sauternes) nous montrons l’existence de ruptures fortes entre l’appellation et le territoire, lieu de coordination et de solidarité pour mettre en valeur une ressource spécifique. Une forme de dissociation entre « l’appellation terroir » et « l’appellation territoire » semble se former mettant en relief, à coté des problèmes de marché, des problèmes de gouvernance des appellations comme facteurs de crise. L’identité des appellations est alors en question poussant à s’interroger sur leur avenir.

    Mots clés : Appellations d’origine, gouvernance territoriale, coordinations, identité, territorialité

     

    2013 La crise territoriale des appellations viticoles du Nord de l’Aquitaine

    Depuis quelques années, certaines appellations viticoles, en particulier dans le Nord de l’Aquitaine, connaissent des difficultés importantes. Alors même que le système des AOC (Appellations d’Origine Contrôlée) était considéré comme un rempart contre la concurrence, des vins labellisés ont eu et ont peine à maintenir leur place sur le marché. Très vite,  la notion de crise s’est imposée pour décrire cette situation d’incertitude économique, une crise viticole caractérisée par une baisse globale des ventes qui est peu à peu devenue une crise des appellations (Lire à ce sujet les différentes rapports sur le sujets publiés depuis 2000, Berthomeau 2001, Cesar 2002, Pomel 2006), voire une crise du système « appellation ». Lorsqu’on analyse la rhétorique qui diffuse l’idée de crise, on peut remarquer qu’elle s’appuie de façon privilégiée sur une critique du marché. En effet, c’est la mondialisation du marché du vin et l’arrivée de « nouveaux » compétiteurs qui auraient, de façon exclusive, remis en question la suprématie des vins d’appellation, notamment français.

    En plus de cette crise de structure, le constat de la réussite des stratégies alternatives a engendré une crise de confiance dans le modèle des appellations.  Mais cette crise de confiance ne peut être réduite aux seules observations du marché : la mondialisation n’a-t-elle d’impacts que sur le jeu des ventes et par ricochet sur le volume des productions ? Le système d’appellation français et le lien entre l’agro-terroir et le territoire socio-économique qui a fait son succès n’est-il, finalement, pas à bout de souffle ?

    Il est en effet entendu que la bonne santé économique d’un vignoble ne relève pas exclusivement de la qualité de son terroir (Dion, 1959 et Hinnewinkel, 2011). Bien sûr, les situations géomorphologique et climatique sont une condition préalable mais encore faut-il des voies de communication facilitant le transport, des consommateurs informés, des producteurs ouverts vers l’extérieur, des marchands ambitieux et tout un ensemble de structures coordonnant le tout dans un jeu d’échelles complexe. Cette dynamique de la connexion entre l’infiniment petit (la parcelle) et l’infiniment grand (le marché mondial aujourd’hui) a finalement pris consistance dans la construction longue et patiente d’une symbiose entre les terroirs, des systèmes agro-productifs délimités, et les territoires, des systèmes sociaux et politiques, qui les portaient et les permettaient. L’exemple du vignoble bordelais est à ce titre tout à fait emblématique. Pour conserver une rente commerciale territorialisée lucrative, les propriétaires et les négociants n’ont eu de cesse de se protéger, de délimiter, d’exclure et de condamner par un arsenal juridique qui traversa le temps. A partir du 13ème siècle, les privilèges de Bordeaux protègent la production de la Sénéchaussée et des bourgeois de Bordeaux, éliminant en partie les vins du Haut pays. Ces décisions d’exclusion vont alors initier ce rapprochement entre le terroir et un groupe social localisé, une sorte d’enracinement juridique et politique d’une communauté. Bien sur l’exclusion de toute forme de concurrence exogène ne fut pas l’unique marqueur de cette connexion. Le contexte géopolitique a œuvré à sa façon. Le vignoble bordelais aurait-il connu le même développement si Aliénor d’Aquitaine n’avait pas épousé Henri II et, ce faisant, ouvert le marché en direction de l’Angleterre ? La taxation par Colbert au 17ème des importations anglaises et, par réaction, le boycott des clairets bordelais n’ont-t-ils pas permis aux Bordelais de trouver de nouveaux débouchés ? Ces événements semblent jouer bien plus comme des aiguillons que comme des freins dans le temps moyen et ne vont que renforcer le lien d’enracinement et de connexion.

    Héritières des Privilèges de Bordeaux bannis par la Révolution, les appellations d’Origine qui prennent forme au début du 20ème siècle et les AOC finalisées en 1936 véhiculent des valeurs d’égalité. Mais la philosophie est la même, protéger la rente commerciale et territoriale par un arsenal de normes et de contraintes pour qu’un vin soit reconnu d’ici et pas d’ailleurs, pour qu’aucune confusion ne soit possible. De la même façon les AOC ont continué à renforcer le lien le terroir et le territoire qui le portait, réunissant ainsi les sphères de la production, du commerce et du politique dans un entrelacs de réseaux. Les périmètres des AOC choisies, lesquels ne correspondent pas forcément aux limites des agro-terroirs, montrent bien la puissance des ces liens.

    Les réussites notamment économiques et les phénomènes de découpages politico-administratifs à partir des années 1980 semblent  avoir rompu ce lien entre terroir et territoire, isolant progressivement les deux entités que l’histoire avait alliées. Cette séparation se traduit souvent par une discordance poly-forme entre, d’une part,  les contours des appellations du début du 20ème siècle et les « nouveaux » territoires issus de la décentralisation et, d’autre part, une démultiplication du pouvoir qu’elles ont entrainée.

     Notre hypothèse est que ces ruptures, ces « non » concordances entre les logiques territoriales des différents acteurs sont porteuses de disfonctionnements des filières et des entreprises et participent de leur contre-performance, encore plus visible en temps de crise. Finalement aujourd’hui, les vins peuvent exister, être identifiés en dehors de toute attache territoriale « englobante ». Le vin serait devenu donc un produit a-territorial, ne dépendant que du terroir qui le porte pour voir le jour et du marché pour décider de sa réussite. Une forme de crise de territorialité semble, pour certaines AOC,  entamée, expliquant tout autant que le marché leurs défaillances concurrentielles. L’essoufflement des AOC et son inadéquation aux mouvements  contemporains sont, pour nous, une explication de la crise qui secoue le vieux monde viticole et notamment le Bordelais.

    L’objet de cet article est donc de montrer cette déconnexion entre territoire et filière qui opère dans les appellations au travers de l’étude de quatre d’entre elles dans le Nord de l’Aquitaine, en Bergeraçois et en Bordelais. Après la présentation de la méthodologie nous consignerons les résultats de l’étude conduite sur ces quatre appellations pour enfin mettre en perspective de ces résultats.

    Pour lire l'article Télécharger « Corade_Hinnewinkel_Velasco_2013 crise territoriale.pdf »

     

     


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    2006 Le Pays foyen à l’aube du 21ème siècle

    A la recherche d’une distinction perdue !

     

    Jean-Claude Hinnewinkel, professeur émérite de géographie, Université Bordeaux-Montaigne, CERVIN /ISVV

    Communication présentée au colloque pour le 5ème centenaire de la Bastide, Saint-Foy-la-grande, 2006 publié aux Editions de l’Entre-deux-Mers

    2006 Le Pays foyen à l’aube du 21ème siècle

    Aborder la question du pays foyen au seuil du troisième millénaire oblige à prendre en considération deux séries de questionnements.

    La première concerne l’existence et l’étendue de ce pays, pays n’étant pas pris dans le sens des récentes lois d’aménagement du territoire mais dans celui de « pays rural », soit un espace géographique organisé autour d’un petit pôle, rural lui aussi. Quelle place y a-t-il pour un « pays » sur les rives de la Dordogne entre Libourne et Bergerac avec ici le rôle fondamental des frontières administratives : unissent-elles ? séparent-elles?

    La seconde est relative aux caractéristiques d’un éventuel pays foyen : par quels moyens le Pays foyen est-il à même de se « distinguer » dans le concert des pays, dans cette concurrence territoriale où chacun tente d’affirmer son identité dans la course au développement local et durable ? Cela revient alors pour une large part à déterminer la place de la vigne et du vin dans la valorisation actuelle du Pays foyen. C’est rechercher comment le vin participe à la construction du territoire, comment il le structure.

    Depuis sa création il y a cinq siècles, la bastide de Sainte-Foy-le-Grande a été le cœur d’un pays, celui correspondant approximativement au bassin de vie défini par les études de l’INSEE aujourd’hui et que les limites départementales ont éclaté entre trois entités administratives situées dans trois départements différents.

    Depuis 1937, le vignoble Sainte-Foy-Bordeaux regroupe vingt communes des confins de la Gironde au sein d’une aire d’appellation qui, pour des raisons administratives, l’isole des communes voisines du département de la Dordogne avec lesquelles elles ont formé depuis toujours le pays foyen.

    Notre propos est donc plus particulièrement d’analyser comment pays et vignobles se renforcent afin d’éclairer les relations entre cet espace et les hommes qui vivent de la vigne et du vin. S’agit-il d’un espace naturel bien individualisé, le pays foyen étant alors doté de qualités spécifiques qui en feraient un " terroir " agronomique unique, producteur de vins non reproductibles ? Les hommes et l’histoire se seraient alors contentés d’en relever l’existence et de le doter d’une appellation viticole.

    Ne s’agit-il pas davantage d’un espace d’action, donc social, fruit de la patiente construction des sociétés locales dans la longue durée, d’une construction sociale que les acteurs contemporains cherchent à redynamiser pour porter au plus haut la réputation de leur région et de leurs vins ?

    Pour lire l'article Télécharger « 2006 Pays Foyen aube 21e siècle.pdf »


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    2001 Puisseguin Monbadon expertise INAO

    Monbadon, Puisseguin et le Libournais (XIXe et XXe siècles)  

    Rapport d’expertise réalisé pour l’INAO par le CERVIN dans le cadre de la commission d’enquête sur la demande de l’ancienne commune de Monbadon (réunie en 1989 à Puisseguin) d’intégrer l’appellation Puisseguin-Saint-Emilion. L’expertise du Cervin s’est tout particulièrement appuyée sur le mémoire de maitrise de géographie d’Alexandre Grelier, Territorialités à Puisseguin et Monbadon, fusions de communes, A.O.C. viticoles et représentations  

    1-De vieilles relations… entre « Libournais » et « Périgord »

       Jusqu’au 17ème siècle, Puisseguin et Monbadon appartiennent à la même châtellenie de Puynormand dont ils constituent l’extrémité orientale = même espace régional « défensif ». Châtellenie de Puynormand = à peu près les actuels satellites de Saint-Emilion.

       Châtellenie de Puynormand démantelée au cours du 17ème siècle, donnant dès lors la primauté à la paroisse comme référence dans la gestion de l’espace. Le 27.10 1602 la Châtellenie est vendue en plusieurs lots et Monbadon aborde une longue période d’indépendance vis à vis de Puisseguin : par alliance elle échue par la suite à la famille Lafaurie, propriétaire du lambeau de terre « inclus ¬ dans l’espace Puisseguin.

       A la Révolution la paroisse devient commune mais sa géographie peu fonctionnelle (Lafaurie !) est vite remise en cause et des « conflits » l’opposent à Puisseguin :

    1. En 1802, Monbadon (300 h.) est promue chef-lieu de succursale religieuse (statut de chapelle vicariale) à place de Puisseguin (1000 h.)­ indignation de Puisseguin qui ne retrouva son rang qu’en 1825
    2. En 1868, réclamation des habitants de Lafaurie et Bernon pour des problèmes de routes. Puisseguin approuve
    3. 1933, nouvelle pétition des deux hameaux déjà desservis par poste et ligne électrique de Puisseguin. Monbadon propose alors échange contre Laplagne (dont enfants vont à école de Monbadon), Guillambon et château Guibeau (dont sépulture sont à Monbadon. Refus de Puisseguin
    4. Loi Marcellin de juillet 1971 : commission propose la fusion de Monbadon – Francs – Saint-Cibard. Monbadon refuse et suggère « Puisseguin » (8 juin 1972)

     La fusion et ses retombées :

    • 1989 – 2001 Elle apparaît comme une des conséquences des problèmes de l’école de Monbadon. Perspective de fermeture d’une classe
    • groupement pédagogique étudié à « est » avec Francs, Saint-Cibard, Tayac, Saint-Philippe­ Echecs en 77 puis 84­ Alors en 1987, se tourne vers Puisseguin = refus.
    • Ecole de Monbadon ferme en septembre 1987. Service public à Monbadon = seule mairie
    • janvier 1988 : négociation avec Puisseguin pour fusion. Contrepartie évoquée­ appellation­

    Pour lter la note de synthèse d'Alexandre Grelier  Télécharger « note de synthèse Grelier.pdf »


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