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Nouveaux usages de la campagne et patrimoine
Le rôle des acteurs dans
les recompositions et les requalifications territoriales
en ENTRE-DEUX-MERS (Gironde) et dans la MESSARA (Crète)
Guy Di Méo et J.C.Hinnewinkel, Institut de Géographie, Bordeaux 3 avec la collaboration de Ch. Valianos, Musée d’éthnologie crétoise, de B.Larrieu, historien, fondateur du CLEM et d’étudiants des universités Bordeaux 2 et 3
Avertissement
Cette recherche, qui relève de la deuxième série de programmes retenus par la Mission du Patrimoine ethnologique, a été copilotée par le C.L.E.M. (Comité de liaison des associations historiques et archéologiques de l’Entre-deux-Mers), le C.E.R.V.I.N (Centre d’études et de recherches sur la vigne et le vin, Université de Bordeaux3, Institut de Géographie) et le Musée d’ethnologie crétoise), avec la collaboration du département de sociologie de l’Université de Bordeaux2 (Y. Lamy), de l’Unité de formation « Culture et communication » de l’E.N.I.T.A. de Bordeaux(B. Laquièze) et de l’Université du Pirée (M.Papadakis).
Les entretiens auprès des acteurs girondins ont été pilotés par B.Laquièze, les directions de recherche sur les habitants de l’Entre-deux-Mers assurées par G. Di Méo et J.C. Hinnewinkel, tous deux enseignants à l’Institut de Géographie et d’Etudes régionales de l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3. B. Larrieu, professeur d’Histoire a réalisé la synthèse des multiples travaux historiques. Le suivi de la recherche en Crète est pour l’essentiel l’œuvre de C. Valianos, directeur du Musée d’ethnologie crétoise, secondé par J.C. Hinnewinkel et B. Larrieu lors de deux missions.
La coordination de l’ensemble ainsi que la rédaction du rapport ont été assurées par J.C. Hinnewinkel et G. Di Méo.
L’acceptation définitive du projet étant parvenue à la fin de l’été 1995, le versement initial en novembre de la même année, le démarrage effectif des opérations eut lieu au début de l’année 1996. Celle-ci fut principalement consacrée aux entretiens et aux premières recherches historiques. C’est à l’automne de la même année que des étudiants de maîtrise de Géographie furent invités à parcourir l’Entre-deux-Mers à la quête des représentations patrimoniales et territoriales des résidents. Dans la Messara crétoise, l’absence de support universitaire local susceptible de prendre en charge cet aspect de la recherche nous a contraints à privilégier l’enquête par questionnaire. Celle-ci fut confiée à des vacataires que nous n’avons pu envoyer sur le terrain qu’au printemps 1997, faute de moyen financier, les crédits de la mi-parcours ne nous étant parvenus qu’en avril, pour un rapport fourni fin septembre 1996...
Les données exploitables nous étant parvenues dans l’été pour cause de traduction, il ne nous fut possible de les traiter que tout récemment, d’où la remise de ce rapport fin octobre 1997.
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Les vins du Haut-Benauge à la fin du 20e siècle
Myriam Etevenard, Etudiante en Géographie, Université M. de Montaigne-Bordeaux3
Jean-Claude Hinnewinkel, Professeur agrégé de Géographie, Université M. de Montaigne-Bordeaux3
Bordeaux, 1997
A une quarantaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux, le "Haut-Benauge" est une région de transition entre les "Premières Côtes de Bordeaux" qui dominent la Garonne et les hautes surfaces des plateaux de l’Entre-deux-Mers.
Héritière, pour partie seulement, du comté de Benauge, puissant fief médiéval couvrant alors la plus grande partie du Sud de l’Entre-deux-Mers, le "Haut-Benauge" correspond aujourd’hui, à l’ une des multiples appellations du Bordelais. Neuf communes en sont bénéficiaires : Arbis, Cantois, Escoussans, Ladaux, Saint-Pierre-de-Bat, Soulignac et Targon qui appartiennent au canton de Targon ; Gornac et Mourens qui relèvent de celui de Sauveterre.
Si la vigne fait depuis longtemps partie du paysage du Haut-Benauge, elle n’a pas toujours eu l’ampleur spatiale actuelle. Les vins de Benauge et de l’Entre-deux-Mers ne furent que peu ou pas mentionnés dans les ouvrages antérieurs au XIXe siècle et quand ils sont évoqués, on parle le plus souvent de petits vins blancs "sans vertu". Aujourd’hui, ce sont au contraire des vins blancs de qualité, "Bordeaux Haut-Benauge" ou "Entre-deux-Mers Haut-Benauge". Hier encore vouée aux vins blancs, la région est désormais consacrée principalement aux vins rouges.
Quelques jalons historiques aideront à comprendre cette évolution.
1- Une spécialisation récente
1.1- Au temps des Comtes de Benauge, le règne de la polyculture
Le "Comté de Benauge" doit son nom à l’archiprêtre de Benauge qui appartenait au diocèse de Bordeaux. On trouve des comtes de Benauge dès le Xe siècle. Ils occupaient une position très forte dans l’Ouest de l’Entre-deux-Mers, tenant les clefs de la liaison entre Garonne et Dordogne par la "Via Benegiana" déjà signalée au XIIe siècle dans le cartulaire de l’Abbaye de la Sauve-Majeure. Comme dans toutes les régions du Bordelais à l’écart des fleuves, l’autoconsommation à base céréalière l’emporte alors.
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A propos des noyaux d’élite... l’exemple de Sainte-Croix-du-Mont
Jean-Claude HINNEWINKEL, Professeur agrégé de Géographie, Université Bordeaux 3 et CERVIN
La relation entre appellations viticoles et terroirs est une des données les plus souvent mises en avant pour justifier la complexité des délimitations en Bordelais comme en Bourgogne. Mais si dans cette dernière les décrets de 1936 se sont appuyés principalement sur des terroirs bien caractérisés, de part et d’autre de la Garonne, les limites administratives paraissent avoir joué un rôle beaucoup plus prépondérant : à l’intérieur d’une commune toutes les parcelles "convenables" ont été souvent incluses dans une seule et même appellation, même si elles présentent des caractéristiques bien différentes. Ainsi à une appellation correspondent plusieurs types de terroirs, cette notion étant utilisée dans son sens le plus étroit, celui de terre viticole.
Et ainsi la plupart des vins de Bordeaux ne seraient plus les vins d’un terroir mais issus de terroirs différents et leurs caractéristiques seraient largement dues aux pratiques des viticulteurs, définissant ainsi des "terroirs viticoles".
Vaste débat pouvant remettre en cause bien des délimitations !Une équipe de chercheurs du GEASO se penche actuellement sur cette problématique et, à partir de l’exemple de Sainte-Croix-du-Mont, nous proposons de faire un premier point sur les questions soulevées.
Le choix de Sainte-Croix-du-Mont est celui de l’excellence, son blanc liquoreux ayant été et étant encore bien souvent la référence en la matière pour les vins de la rive droite de la Garonne. Mais c’est aussi celui de la diversité des terres viticoles, des terroirs.
1- Des terroirs variés
La zone d’appellation contrôlée "Sainte-Croix-du-Mont" correspond à l’ensemble du territoire communal, à l’exception de la zone des palus. Ainsi définie, elle englobe des terroirs assez variés où nous distinguerons :
- la "côte", c’est-à-dire le talus qui constitue le pied de la corniche calcaire sur laquelle sont implantés le château de Taste et l’église. Escarpé, présentant une dénivellation de l’ordre de 70 mètres, il offre un profil concave avec des pentes assez douces au dessus des palus puis de plus en plus fortes au fur et à mesure que l’on se rapproche de la corniche. Sur un substratum essentiellement calcaire à la base puis molassique, les sols sont issus de colluvions de versants et dans l’ensemble peu épais et peu évolués. Le plus souvent pierreux, ils facilitent la bonne circulation de l’eau, assurant à la fois une bonne alimentation et un bon drainage. Bien exposée au Sud et au Sud-ouest, cette "côte" bénéficie d’un micro climat favorable que renforce une position d’abri par rapport aux vents du Nord. Les gelées printanières y sont plus rares qu’ailleurs, les bourgeons y éclatent avec plus de précocité, favorisant une meilleure maturation des raisins. Dominant la Garonne toute proche, les brouillards matinaux de l’automne y favorisent le développement du fameux "botrytis cinerea", générateur de la "pourriture noble" indispensable à la production des grands vins blancs doux.
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Terroirs et organisation spatiale aux XIXe et XXe siècles :
une commune viticole des Premières Côtes de Bordeaux :
Donzac
Jean-Claude Hinnewinkel, Professeur agrégé de Géographie, Université Bordeaux 3 et CERVIN
C’est à cet objectif que depuis plus d’un quart de siècle s’attachent les nombreuses études conduites en Bordelais par le CERVIN[1] avec pour champ géographique les prestigieux vignobles du Médoc, des Graves ou de Saint-Emilion. A partir des cadastres anciens sont notamment reconstitués les paysages de ces espaces viticoles depuis le début du siècle dernier. Mais peu d’études ont été à ce jour conduites sur un espace en pleine mutation depuis vingt ans : l’Entre-deux-Mers[2].’étude des vignobles de qualité met en relief une hiérarchie interne qui s’explique pour une bonne part par l’hétérogénéité des terrains viticoles mais où le rôle des sociétés humaines paraît de plus en plus déterminant au fur et à mesure que les recherches s’approfondissent. L’établissement souvent ancien des réputations conduit alors tout naturellement à s’intéresser aux logiques passées qui, seules le plus souvent permettent de comprendre les situations contemporaines.Sous-ensemble de celui-ci et zone d’appellation mixte de vins rouges et de vins blancs, les "Premières Côtes de Bordeaux" s’étendent sur 37 communes entre Saint-Maixant au sud-est et Bordeaux au nord-ouest. Sur 60 km de long pour seulement 5 km de large, elles constituent ainsi, au-dessus du fleuve, une mince frange du vaste Entre-deux-Mers qui la prolonge vers l’intérieur.
Dans cet espace, les communes riveraines de la Garonne sont depuis les temps anciens le domaine de prédilection de la vigne, les vins étant aisément acheminés par bateaux jusqu’au port de Bordeaux. Mais pour 11 d’entre elles, situées en second rang par rapport au fleuve, la tradition viticole paraît moins affirmée.
C’est à l’une de celles-ci, Donzac que nous nous sommes intéressés. Elle occupe un interfluve de 441 ha au pied du château de Benauge, avec l’un des taux de boisement les plus forts en Premières Côtes. La conservation d’un plan et de sa matrice cadastrale pour 1918, d’un autre ensemble complet pour 1855, d’une matrice pour 1914 et bien sûr de l’ensemble pour 1933, ont pu permettre de reconstituer dans de bonnes conditions l’évolution de l’organisation de l’espace au cours des deux derniers siècles. Peuvent alors être mieux mises en valeur les relations complexes entre les terroirs, qui concrétisent les logiques naturelles, et l’organisation spatiale où interfèrent les logiques sociales.
1- Donzac vers 1820 : le poids des logiques traditionnelles
[1] Centre d’Etudes et de Recherches sur la Vigne et le Vin, Institut de Géographie Louis Papy, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, ROUDIE, Ph., Esquisse d'une histoire viticole de l'Entre-deux-Mers.
[2] Dans cette optique de reconstitution historique, nous avons relevé un mémoire de C2 de maîtrise sur Sainte-Croix-du-Mont et deux T.E.R. de maîtrise de l'Université de Bordeaux 3 :
BRUN, H. Soulignac, une commune de l'Entre-deux-Mers girondins, T.E.R., Université de Bordeaux 3, 1990.
CAILLARD, M. L'évolution de l'occupation des sols à Loupiac de 1820 à 1995, T.E.R., Université de Bordeaux 3, 1996.
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Vignes et vins à Loupiac aux XIX et XX èmes siècles
Mathilde Caillard, maitrise de Géographie, Université Michel de Montaigne-Bordeaux3 et CERVIN
Jean-Claude Hinnewinkel,professeur agrégé de Géographie, Université Michel de Montaigne-Bordeaux3 et CERVIN
Publié in Terroirs et appellations, les coteaux du Bordelais, CERVIN, Université Michel de Montaigne-Bordeaux, 1997
Au sud de l'Entre-Deux-Mers, à une quarantaine de kilomètres au sud/sud-est de Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne, Loupiac évoque de délicieux vins blancs. Nous sommes là au sein de la région de prédilection de la « pourriture noble » qui permet seule l’élaboration des grands vins blancs liquoreux. Face au Sauternais, l’appellation Loupiac connaît aujourd’hui un regain de notoriété qui la place en tête des appellations de rive droite, devant Sainte-Croix-du-Mont. Il n’est fut pas toujours ainsi.
A travers l’analyse de multiples documents disponibles dans les archives de la commune et notamment à partir des documents cadastraux de 1820, notre projet est de chercher dans l’évolution récente, aux XIX et XX èmes siècles, les facteurs, principalement humains qui expliquent cette réussite, étant admis[1] que les terroirs de Loupiac ne constituent pas vraiment une exception par comparaison avec les communes voisines.
Aucun document ne permet actuellement de préciser quelle pouvait être la place de la viticulture à Loupiac avant la Révolution. Certes se trouvent à Loupiac les vestiges d'une villa gallo-romaine qui aurait appartenu au célèbre poète latin Ausone, gouverneur de Trèves et de Burdigala et à propos de laquelle il aurait évoqué alors « les collines de Lupicius et leurs parures de pampres », prouvant par la même l’existence de la vigne. En tout état de cause celle-ci est attestée au Moyen-age, comme sur toutes les côtes de rive droite de la Garonne. Par contre, aucune mention de Loupiac n’est faite dans la fameuse classificaton de 1647 établie par les jurats de Bordeaux, contrairement aux deux paroisses voisines, Cadillac et Sainte-Croix-du-Mont.
On signalera seulement qu’en 1766, les deux tiers de la commune étaient occupés par des vignes (joualles ?), le reste étant partagé entre cultures céréalières et prairies.[2] Malgré le caractère très approximatif de cette évaluation, il est permis d’en déduire qu’à l’orée du XIXème siècle, Loupiac est déjà une commune très marquée par la viticulture.
[1]J.C. Hinnewinkel, Terroirs et vins blancs liquoreux en rive droite de la Garonne...
[2]Etats des paroisses de l’élection de Bordeaux pour 1766, Archives départementales de la Gironde, C 4549
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