• Guy Di Méo, S.E.T.-U.M.R. 5603 C.N.R.S7Université de Pau

    Jean-Claude Hinnewinkel, C.E.R.V.I.N.-Université de Bordeaux III.

    Une méthode d'identification territoriale appliquée à l'Entre-Deux-Mers (Gironde). In: Annales de Géographie, t. 108, n°607, 1999. pp.239-254;

    https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1999_num_108_607_21556

    Résumé

    La méthode d'investigation géographique pratiquée à l'aide de l'outil de la formation socio-spatiale permet de dégager la composante territoriale d'un espace de taille micro-régionale situé en Bordelais : l'Entre-Deux-Mers. Les instances géographique, économique, et politique du modèle ne parviennent pas seules à définir cet espace en tant que territoire collectivement représenté et vécu. En revanche, le recours à l'instance idéologique et l'étude des rapports dialectiques qui se nouent entre infrastructure et superstructure socio-spatiales, dans un contexte de renaissance culturelle et associative, de forte valorisation de la production agricole (vins réputés) et de périurbanisation, dévoilent les ressorts profonds d'un territoire fragile et multiforme dont la dimension idéelle l'emporte sur la consistance matérielle. L'exemple revêt un large intérêt méthodologique.


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  • Résumé : Dans les vignobles d’AOC du nord de l'Aquitaine (Bergerac, Bordeaux, Buzet, Côtes du Marmandais et Duras), les vins, vins de châteaux ou vins de marque, issus de parcelles hétérogènes et résultat d'un assemblage de plusieurs cépages, entretiennent des liens très ambigus avec les terroirs. Les aires d'AOC correspondent le plus souvent à des territoires aux terroirs multiples et dont la géographie relève davantage de considérations sociales (« les us et coutumes ») mais aussi des structures syndicales existantes au début du xxe siècle) que d'une géographie naturelle. Dans ces conditions, les liens entre la "qualité" des vins et les territoires viticoles, s'ils n'excluent pas les spécificités des terroirs concernés, sont surtout tributaires des décisions sociales (INAO, syndicats…) et de l'encadrement technique de plus en plus marqué de la profession.

    Mots – clés : Appellation contrôlée, qualité, terroir, territoire, vin

    Pour lire l'article : https://www.persee.fr/doc/rgpso_1276-4930_1999_num_6_1_2714 

     


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  • Jean-Claude Hinnewinkel,

    Professeur émérite de Géographie, Université de Bordeaux, UMR ADES/CERVIN et Institut des Sciences de la Vigne et du Vin

    Article publié dans Historiens & Géographes, n°404, 2008, p. 69-78

     

    Résumé : Dans le monde du vin, le terroir est le plus souvent mobilisé dans une seule de ses dimensions, celle de site agronomique. Pourtant, l’origine même du mot rappelle toute la complexité de ce concept géographique aujourd’hui très porteur dans l’ensemble du domaine agro-alimentaire. Notre objectif est donc de mettre en valeur ici ce qui fait la force, et donc la pertinence, de ce concept dans la mondialisation : le terroir est un système géographique, donc complexe. Pour le comprendre et donc le gérer, il est impératif d’en mobiliser toutes les composantes, la physique avec le site agronomique mais aussi la culturelle avec le paysage et surtout la sociale avec le réseau d’acteurs. Ainsi compris le terroir viticole devient un projet de développement durable d’un territoire producteur de vins de qualité.

    Introduction: Le terroir vitivinicole

    La notoriété d’un vignoble et de ses vins repose essentiellement  sur trois piliers: son terroir, son histoire et la vigueur du ou des marchés qu’il domine. Dans cette trilogie, terroir est un concept agronomique, celui créé par les experts et ingénieurs de l’INAO au lendemain de la seconde guerre mondiale pour donner à leurs délimitations une valeur scientifique qui les rende incontestables.

    Pourtant depuis quelques années et notamment depuis 1992, date de l’entrée en scène au sein de l’INAO des autres productions agro-alimentaires, les cadres de l’Institut ont explosé et il a fallut revoir le concept pour l’adapter. Des études scientifiques en Sciences humaines et sociales furent de plus en plus nombreuses à mettre l’accent sur la dimension culturelle des produits du terroir[1]. Les analyses les plus récentes des vignobles comportent souvent un important chapitre de géographie culturelle[2].

    Mais, une fois encore, si tous ces travaux concrétisent un élargissement du concept terroir par rapport à sa seule dimension agronomique, nous sommes encore éloignés de la prise en compte de toutes les composantes de ce système géographique qu’est le terroir. La complexité inhérente à tout système géographique nous parait encore écornée. C’est du moins ce que nous proposons de démontrer ici en démontant le système terroir vitivinicole pour souligner que si le terroir est à l’interface de « nature et culture », il est aussi foncièrement « social »

     

    [1] Laurence Bérard et Philippe Marchenay, Les produits du terroir – entre nature et  culture, Paris, Editions du CNRS, 2004, 225 P.

    [2] Citons tout particulièrement Jacques Maby, Côtes du Rhône et costières gardoises, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1994 ; Michel Réjalot, Le vignoble bordelais, un modèle dans la tourmente, Bordeaux, Université Michel de Montaigne, 2004.

    Pour lire le développement de cet article :

    Télécharger « 2008 HG Les terroirs vitivinicoles_Partie1.pdf »

    Télécharger « 2008 HG Les terroirs vitivinicoles_Partie2.pdf »

    Télécharger « 2008 HG Les terroirs vitivinicoles_Partie3.pdf »


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    Jean-Claude Hinnewinkel et Philippe Roudié, rapport au Syndicat des vins de l’Entre-deux-Mers, CERVIN, Université Bordeuax3, avril 1997

     

    L’appellation viticole d’origine contrôlée "Entre-deux-Mers" née de la législation des années 1935 couvre une vaste aire du département de la Gironde intégralement située entre les deux cours de la Dordogne au nord et de la Garonne au sud mais amputée d’une partie de ses bordures qui eurent droit à d’autres appellations, Premières Côtes de Bordeaux, Côtes de Bordeaux Saint-Macaire, Loupiac et Sainte-Croix-du-Mont au sud, Graves de Vayres et Sainte-Foy-Bordeaux au nord et à l'est. Elle regroupe ainsi un ensemble de 135 communes réparties (inégalement) dans une douzaine de cantons.

    Pour mener cette analyse des caractères patrimoniaux des vins de l’actuelle zone d’appellation contrôlée Entre-deux-Mers, nous avons fait effectuer un dépouillement systématique des récapitulatifs des déclarations individuelles de récoltes de ces 135 communes pour les années 1900, 1924 et 1939. Une des premières années disponible, antérieure aux textes de 1919, l’année 1900 permet juste de voir la place respective des vins rouges et des vins blancs dans la production communale. Avec 1924, la notion d’appellation d'origine permet déjà une analyse plus fine et  notamment nous renseigne sur la considération des viticulteurs pour leurs vins ; quelques indications trop rares témoignent d’une volonté d’identification territoriale précise. Le choix de 1939 a été conditionné par son caractère quasi exhaustif (il ne manque les données pour seulement 10 communes sur 135 ; de plus 1939 est la dernière année avant la guerre pour laquelle les données sont disponibles aux Archives départementales de la Gironde, alors que les décrets de 1936 sont encore bien récents.

    L’étude est également appuyée sur toute une documentation littéraire (abondante au XIXème siècle) et statistique et tout particulièrement la collection des « Féret » dont les parutions périodiques jalonnent l’histoire des vins de Bordeaux depuis le milieu du siècle passé.

     1997 LE PATRIMOINE VITICOLE DE L’ENTRE-DEUX-MERS

     

    Pour lire l'étude commandée par le syndicat de l'AOOC "Entre-deux-Mers"

    Télécharger « 1997 Le patrimoine viticole del'Entre-deux-Mers.pdf »

     


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  • Hinnewinkel J.C., 1995, Les marchands, les moines et le bordeaux…, Ici et là, Numéro spécial, pp. 42-4

     

    LA VIGNE A LA CONQUETE DU BORDELAIS

     

                 Avec 115 000 ha, la vigne couvre aujourd’hui la plus grande partie du département de la Gironde à l’exception de sa partie landaise. La culture de cette plante méditerranéenne y marque profondément les paysages et constitue le fondement d’une véritable civilisation du vin. Il n’en a pas toujours été ainsi et dans de nombreuses régions bordelaises l’omnipotence de la viticulture est même un phénomène assez récent.

     

                1/ A l’origine, colonisation romaine et vin des marchands...

                C’est en effet pour des raisons éminemment commerciales qu’aux premiers siècles de notre ère les romains implantèrent la vigne aux alentours du port de Bordeaux. Les exportateurs évitaient ainsi les péages que les Toulousains imposaient sur les vins de la Narbonnaise ou de Gaillac. En ces temps de transports terrestres difficiles, il était avantageux de produire à proximité d’un port. Bordeaux était alors déjà un important centre d’expédition des blés du Sud-Ouest mais aussi des vins méditerranéens vers les contrées atlantiques colonisées par les romains. Il allait rapidement devenir celui des vins d’une région bordelaise qu’il  n’est pas possible de définir avec précision sur le plan géographique...

                La période des grandes invasions consécutive au déclin de l’empire romain allait largement ruiner une économie prospère et entraîner, avec le retour à la forêt d’une bonne partie des terres cultivées, un incontestable déclin de la culture de la vigne. Et c’est incontestablement l’Eglise qui lors de la renaissance médiévale va  être le moteur du renouveau viticole...

    Télécharger « 1996 Les marchands, les moines et le bordeaux.pdf »


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